L’éclairage discret de tonalité bleuâtre filtrant du plafond derrière le comptoir, découpant le personnel en ombres chinoises. Une musique « live » -entendez qui se déverse en cascades d’écrans géants plats accrochés au-dessus du comptoir. Voilà pour le décor intérieur, plus vrai que nature le soir quand toutes les formes s’estompent. A l’extérieur, une double-terrasse, la première sous un vaste préau prolongé par de grandes tentures ; la seconde, sur le dénivelé de l’esplanade gazonnée qui borde l’avenue Bourguiba, à Carthage-Dermech.
“Uranium” se définit comme un « café d’art contemporain ». Et si vous vous interrogez sur cette enseigne, la couverture de la carte (passablement avachie) des consommations se fera un devoir de vous le préciser : « plaisirs du café – galerie d’art – musique live ». De galerie d’arts, vous seriez bien en peine d’en trouver. Cela a dû rester à l’état de projet. Reste le reste.
La maison propose une grande variété de boissons chaudes et froides, en particulier les cafés qui se déclinent ici en une multitude de variétés et dont le prix oscille entre 1,400 Dt (un express «local») et 4,6 Dt (pour un café liégeois avec deux boules de glace moka +express allongé+chantilly). Hors les cafés, l’enseigne propose également du lait dans tous ses états, du thé sous toutes ses formes, du chocolat chaud ou froid, des sodas, boissons énergétiques et des glaces.
Comme accompagnement, la maison propose des viennoiseries, des gâteaux et des crêpes. Et le matin, la formule petit déjeuner vous donne le choix entre un simple breakfast (café, croissant et jus) ou votre boisson préférée avec une assiette de viennoiserie (de 5,500 à 6,500 Dt) et un jus de fruits.
Nourritures de l’esprit
Vous resterez sur votre faim si vous n’avez pas choisi l’endroit pour ses seules nourritures terrestres et son ambiance. Mais, pour nourrir votre esprit, vous n’aurez pas besoin d’aller bien loin – et c’est ce qui donne à l’endroit un supplément d’attrait. En effet, le café est implanté au beau milieu de ce qu’il faut bien aujourd’hui appeler le nombril de Carthage, cité essentiellement résidentielle et pratiquement sans centre de gravité sociale. Espaces commerciaux et culturels s’agglomèrent ici pour donner à l’endroit une densité propre à lui procurer des airs de « centre-ville » dynamique et raffiné.
Accolé à l’Uranium, le Centre culturel de Carthage aux allures néo-antiques ( !) abrite l’espace Mad’art animé par le couple Raja Ben Ammar et Moncef Essayem, fondateurs de la troupe du théâtre Phou. L’espace se compose de trois salles : Mad’art (la salle principale), Lez’art (salle secondaire polyvalente) et Boud’art (studio audio-visuel). L’endroit avait été occupé par une salle de cinéma construite en 1964 qui a été mise à la disposition du couple en 1994. Elle a été dès lors transformée en théâtre pendant sept ans avant de subir des réaménagements majeurs entre 2003 et 2007. Erigé en centre culturel. Il a été rouvert au public en 2009, ce qui ne l’empêche de subir déjà des dégradations (graffitis et descellement de plaques de revêtement des piliers) qui altèrent son esthétique extérieure.
De l’autre côté du café, la galerie marchande accueille nombre d’activités commerciales. Dar l’Baya, par exemple, qui propose des créations artisanales diverses et fort originales servant à la parure des personnes et des intérieurs. Et puis, au milieu de l’allée couverte qui longe le flanc gauche du café, Farenheit 451.
Derrière cette enseigne un peu curieuse (même si c’est le titre d’une œuvre majeure) se tient l’une des meilleures librairies de Tunisie. Tenue par des professionnels comme il n’y en a plus beaucoup de nos jours, elle offre un éventail très éclectique de titres consacrés à la Tunisie, à l’histoire, aux arts, à la pensée et à la nature. Rien que l’exposition des ouvrages (en vitrines et sur les rayons) révèle le grand raffinement d’esprit des maîtres de l’endroit (à leur tête Hayet Larnaout) qui savent d’emblée instaurer des liens amicaux avec le visiteur (c’est mieux que le client, parce qu’il peut venir juste pour musarder). En saison, la librairie est le siège de rencontres avec des auteurs ou pour des évènements culturels plus généraux. Pour que le contact soit permanent, la librairie est ouverte toute la semaine.
Alors, dimanche prochain, si vous avez envie de vous offrir un petit déjeuner en terrasse puis de flâner parmi les titres, vous savez où il vous faudra aller.
Tahar Ayachi
Détails :
Contacts :
Café d’art contemporain Uranium
Adresse : A côté du Centre Culturel de Carthage Dermech – 2016 Carthage
Tél. : (+216) 71 732 347
Librairie Fahrenheit 451
Adresse : Au Centre Culturel de Carthage Dermech Avenue Habib-Bourguiba – 2016 Carthage
Tél.: (+216) 71 733 676
E-mail: farenheitcarthage@yahoo.fr
Plan de situation :
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