Elle se tient là, tapie derrière les taillis puis les replis du relief retirée dans un superbe val dédié à l’agriculture et généreusement arrosée par de multiples cours d’eau qui se déversent dans un joli lac artificiel.
La bretelle qui y conduit se détache de P1 juste à la sortie de la localité de Bou Argoub, au sud de Hammamet. Elle passe sous l’autoroute et s’enfonce résolument vers le nord-ouest. Dépassées les franges de laideur qui bordent Bou Argoub, le lacet de bitume swingue parmi les champs bordés d’épais ourlets de narcisses et de marguerites jaunes, et tangue au gré des ondulations du relief. Avec la complicité de la météo, on s’offre de superbes fresques bucoliques parsemées de prés, d’olivaies et de bouquets d’eucalyptus. Cinq petits kilomètres à valser ainsi avec la nature que bouscule, à droite, vers le km 4, le décor du producteur Tarak Ben Ammar dans lequel sont tournés films et séries se déroulant dans l’Antiquité romaine (accès non autorisé).
Le mausolée dans les champs
Au km 5, on surplombe la belle dépression de Sidi Abdessatar Latrech, du nom d’un saint personnage venu s’installer ici vers le XVI° siècle et dont le blanc mausolée coiffe une colline qui campe à gauche du décor et qui domine le joli plan d’eau du barrage de même nom. De même nom également, le hameau auquel aboutit cette bretelle de 8 kms.
A partir de là, la route se rétrécit pour desservir, sur une longueur de 7 kms, les fermes des alentours et une école primaire dont le préau sert de «terminus» pour la ligne de bus qui relie l’endroit à Bou Argoub. Sur cette distance, le bitume serpente parmi les collines, s’élevant par petits paliers pour, progressivement, dominer la dépression du Latrech sur le versant opposé du site. En face, collines boisées et prés se rapprochent. A flanc de colline, on surplombe un ravin au fond duquel se faufile un oued. Plus en amont, ce cours d’eau, surgissant parmi la roche polie par l’érosion, débouche en cascade de plusieurs mètres de haut. Là, il n’y a que murmure de l’eau et chants d’oiseaux qui peuplent la forêt voisine. Un moment de pur enchantement. L’asphalte achève de se dérouler à peine un demi kilomètre plus loin. Là, il débouche, à hauteur d’une jolie petite école, sur une vaste plaine de toute part cernée par le relief. C’est l’endroit appelé Mzira’a (petite exploitation agricole). De l’agriculture, à laquelle s’adonnent les habitants du coin, il n’y a que ça. Ou presque. Car le hameau (il y a là un café !) aussi bien que l’école se sont implantés à l’emplacement de ce qui dut être une installation agricole d’importance, telle qu’en attestent, à fleur de sol, des vestiges de villas, d’huilerie et autre sans parler du tronçon de mausolée qui a dû accueillir les cendres des membres de la famille propriétaire.

Tahar Ayachi


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