Une émotion intense…
El Jem ne serait qu’une petite ville comme beaucoup d’autres, si la civilisation romaine n’y avait laissé ce merveilleux amphithéâtre. Un peu ébréchée par les années et mille combats, la dentelle de ses murailles domine toujours la cité, campée à mi-chemin entre Sousse et Sfax.
A moitié détruit mais encore tellement majestueux, l’amphithéâtre mérite bien plus qu’un tour rapide.
En entrant dans ses murs, en parcourant ses gradins, en observant la plaine et la ville environnantes, en descendant dans l’arène des gladiateurs et dans la fosse aux lion on se sent imprégné d’une histoire, de vécus, de plaisirs, de destins funestes que les hommes venaient y chercher, volontairement ou malgré eux.
Et quand l’été revient, l’émotion est encore plus intense. Les musiciens d’aujourd’hui remplacent les gladiateurs d’autrefois, à l’occasion du désormais traditionnel Festival international de musique symphonique d’El Jem, au cours duquel les meilleures formations musicales partagent leur art et leur talent, dans ce gigantesque espace à ciel ouvert.
Un « Bonheur » aux mille saveurs
Pour goûter un Bonheur gastronomique sans faux-semblant, il suffit de tourner le dos à l’amphithéâtre et de parcourir l’avenue Bourguiba et ses commerces pour rejoindre un autre El Jem, celui des banques, des marchands de fruits et légumes, de ce petit magasin qui vous présente ces délicieuses « tabouna » encore chaudes dans des caisses récupérées du commerce de bananes.
Le restaurant Le Bonheur, géré par un Tunisien qui a roulé sa bosse jusqu’au Canada, fait face à l’inamovible kiosque à journaux. Vous pourrez y découvrir le savoir-cuisiner tunisien qui succède à l’émotion architecturale, historique et musicale du lieu.
Le restaurant est petit et propret, souvent calme, et il vous propose l’un des plus savoureux paysages gastronomiques de Tunisie.
Les repas du « Bonheur »
Le patron et sa petite équipe vous proposent la slata méchouia, le thon, la harissa, les olives préparées ou encore de délicieuses petites tajines le temps de patienter.
A table, Le Bonheur vous sert un odorant pain tabouna et une cuisine basée sur des produits frais du marché aux légumes tout proche, et des préparations de viandes typiquement Tunisiennes. Vous pouvez également y goûter à des préparations plus élaborées à base de lapin, de pigeon…
La chorba se décline aussi en chorbet chaïr, cette soupe tunisienne très épicée à base d’orge et de fèves concassées qu’on retrouve à table, les soirs de ramadan.
Et si à la poissonnerie voisine le patron a trouvé des seiches, il vous les présentera farcies et accompagnées de petits pois. Mais les amateurs de viandes se régaleront aussi des kefta (boulettes de viande), keftagi : tomates, piments, courges rouges, pommes de terre, œuf, foie de veau, le tout frit, coupé et mélangé, ou encore lapin en coucha (sauce safran, cuit au four)…
En saison, des fraises goûteuses parfumées à la fleur d’oranger poseront le point final au repas du Bonheur alliant la simplicité des préparations à une habile symphonie de saveurs et d’épices.
Alain Trémiseau