Mohamed Liderssa : la passion du métal

Sous ses mains habiles et les coups répétés de son burin, les plaques de laiton, de cuivre ou d’argent amoncelées dans son atelier se tordent et se contorsionnent pour devenir luminaires, panneaux décoratifs, plateaux et autres objets.

Autodidacte, il apprend très jeune son métier en le pratiquant. Il observe au début et s’attarde dans les échoppes des anciens artisans de la Médina de Tunis, puis il pratique timidement. Peu à peu, il fait siennes ces techniques de martelage, de ciselage et de repoussage mais travaille essentiellement des petits objets métalliques destinés aux touristes comme beaucoup de dinandiers.

Il faut gagner sa vie et le statut d’artisan en Tunisie n’est pas des plus évidents. Puis, il y a quelques années, en parallèle de cette activité alimentaire, il éprouve le besoin de s’exercer à des motifs plus complexes, de retrouver des techniques quasiment perdues. Ses souvenirs d’enfance lui reviennent en mémoire ainsi que la qualité du travail des dinandiers de l’époque, disparus depuis. Il s’exerce alors, expérimente, tâtonne et puis les essais sont probants et suscitent l’intérêt autour de Mohamed Liderssa ce qui l’encourage à poursuivre dans cette voie.

Au Salon de la création artisanale organisé chaque année en Mars par l’Office National de l’Artisanat à la Foire des Expositions du Kram, il expose ses créations, histoire de les confronter au regard de l’autre. C’est ainsi que Leïla Menchari, directrice artistique des vitrines chez Hermès à Paris, le découvre et l’invite à participer deux hivers de suite aux vitrines qu’elle crée et met en scène. C’est la reconnaissance de la qualité de son travail, de sa démarche et de la valeur de l’artisanat tunisien (si cela était encore à prouver !). Une consécration qu’il prend avec beaucoup de modestie et de retenue.

A présent, entouré de ses deux compagnons Mansour et Samir, il poursuit son travail, sa principale source d’inspiration demeurant le monde qui l’entoure. L’émerveillement enfantin que suscite dans le ciel tunisois une volée d’étourneaux, l’empreinte du vent sur le sable, une rencontre,  la mélodie d’une musique répétitive ou l’envol de pigeons au sortir de la mosquée un soir de Ramadan… Souvenirs et réalités s’entremêlent étroitement pour nourrir son inspiration. Chaque objet créé, luminaires, panneaux décoratifs ou plateaux, est affectueusement prénommé comme on le fait pour un être cher… son enfant… qui bientôt sera amoureusement convoité par un autre puis acquis pour intégrer une nouvelle maison.

Aurélie Machghoul – Photos et © Ambre Courbot-Ludwiczak

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