Mille et une Tunisie : Parlez-nous un peu de votre ouvrage “Objets de Tunisie”. De quoi parle-t-il ?
Send Bahri : J’ai toujours eu la passion des objets. Je chine, je déniche, je récolte, je collectionne des objets d’un peu partout et ce sont souvent des objets ordinaires sans valeur commerciale. Des objets auxquels on ne prête pas forcément attention et qui sont pourtant magnifiques.
J’ai eu envie de parler de notre artisanat, de notre patrimoine populaire en sortant des sentiers battus, avec une approche différente des critères traditionnels et comme je suis très attachée à la culture POP, j’ai décidé d’une mise en page très colorée. Ma mère est italienne, artiste peintre. C’est sa palette aux couleurs intenses, très vives qui m’a sûrement influencée. C’est d’elle aussi que je tiens sûrement le goût des choses simples. Je l’ai toujours vue recycler des objets que l’on aurait tendance à mettre à la poubelle : une vieille théière pouvait devenir une jardinière, des boîtes de conserves un mobile, et j’en passe.
Mille et une Tunisie : On sent à travers ce livre un profond attachement au patrimoine culturel tunisien de tous les jours. Qu’est ce qui vous a inspiré ce livre?
J’ai voulu, à travers ce livre, donné aussi d’autres pistes, donner une deuxième vie aux objets en les détournant parfois de leur usage. Donner aussi au lecteur et pourquoi pas à nos visiteurs étrangers la possibilité de porter un regard nouveau sur ces objets. Je suis certaine que beaucoup de gens sont encore attachés aux objets populaires, à ce trésor culturel et ce livre est une manière de partager avec eux les souvenirs et anecdotes liés à ce petit patrimoine. Une manière aussi de rappeler que certains objets naturels et écologiques par excellence comme le couffin sont à prendre en compte pour combattre le plastique, ce fléau de la vie moderne et tenter de les remettre au goût du jour.
J’ai fait une sélection très fantaisiste des objets, je les ai choisis au coup de coeur et même si la liste dans ma tête est encore longue il a fallu que je me limite, faute de temps et de moyens. C’est un livre que j’ai voulu joyeux, à la fois visuel et informatif avec des textes légers qui situent l’objet dans son contexte en parlant de son utilité, et toujours accompagnés d’une anecdote ou de la petite histoire qu’ils m’ont inspirée.
Mille et une Tunisie : Objets de Tunisie est le 1er volume d’une collection Pop Memories. Pouvez-vous nous en dire plus sur cette collection et les ouvrages à paraître ?
Ce livre est le premier volume d’une collection dédiée au thème de la mémoire. Cette collection propose des ouvrages qui s’intéressent de manière originale au patrimoine culturel et populaire tunisien et le prochain à paraître est consacré au vêtement. Ce ne sera pas une étude du costume traditionnel, mais là encore j’aborderai le sujet de manière très personnelle en présentant des pièces qui me sont chères, et qui pourront surprendre par leur anachronisme. J’ai envie de faire de petits livres d’art qui mettent en valeur des objets ordinaires ne rentrant pas nécessairement dans un registre précis, mais qui rassemblent, parce que les gens s’y reconnaitraient.
Propos recueillis par Aurélie Machghoul
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