Photographe professionnel vivant entre la Tunisie et la France, Skander Zarrad est spécialisé dans la photographie d’architecture, d’événementiel et de culinaire. Interview pour découvrir la démarche et l’architecte devenu photographe. Par Amel DJAIT
1001Tunisie: Quel est votre parcours? Comment devient-on photographe ?
Skander Zarrad: A l’origine, je suis architecte formé à l’école d’architecture de Grenoble. C’est lors de mes études que j’ai découvert la photographie. J’aimais déjà mais c’est à ce moment que j’ai eu mon premier appareil. Ce fût le déclic! Architecte, la photo restait ma passion en parallèle de mes études et de mes premiers travaux. Petit à petit, celle-ci est devenue prioritaire !
Aujourd’hui j’aime jongler avec et entre la photographie d’architecture. J’ai fais l’union des deux domaines et expertises de ma vie
Aujourd’hui j’aime jongler avec et entre la photographie d’architecture. J’ai fais l’union des deux domaines et expertises de ma vie. J’ai la chance d’avoir eu des parents compréhensifs, ce qui n’a pas toujours été facile au début. Ils m’ont aidées à faire la transition de l’architecture, métier considéré “plus sûr”, vers la photographie, métier incertain, surtout au début quand on part de rien.
Depuis deux ans, je vis davantage en Tunisie. Cela me permet de découvrir le pays et de me lancer dans une nouvelle aventure. Je suis passionné par la nature et les sciences. J’aime apprendre. Je ne veux surtout pas me retrouver dans dix ans à faire la même chose sans que ca bouge ou change!
L’image est aujourd’hui primordiale autant qu’indispensable. Comment se construire une singularité face à un flux aussi énorme?
Il est nécessaire de savoir rester soi même et de construire selon son ressenti. Ensuite, c’est le temps! Le temps qu’il faut pour se former et découvrir. Le temps qu’il faut pour connaitre et commencer à maitriser un sujet donné. La photographie est une discipline qui évolue, pas tant technologiquement, de ce côté là, certes l’évolution sur 20 ans est immense, mais c’est aussi et surtout dans la pratique, la maitrise, le perfectionnement, l’engagement du photographe. En tant que capteur d’image, l’univers est vaste, très vaste. Notre champ de travail va de l’architecture au sport en passant par l’animalier, le portrait, le paysage, etc. Nous avons toujours la possibilité d’apprendre. Nous avons le choix de nous améliorer, développer, grandir, partager…
La photographie est une discipline qui évolue, pas tant technologiquement, même si l’évolution sur 20 ans est immense. Un photographe évolue par la pratique, la maitrise, le perfectionnement, l’engagement,…
Raconter un pays avec des images est une démarche volontariste. Comment choisissez vous vos sujets? Quel est votre tempo? Qu’ aimez particulièrement capter en Tunisie ?
Je suis 100% à mon compte et cela fait deux ans que je suis souvent en Tunisie. J’aime les paysages naturels autant qu’ urbains. Je choisis certains sujets mais laissent d’autres venir à moi. Je suis toujours en phase de découvertes et de curiosités. Cela me permet d’avoir constamment une multitude de sujets à traiter.
Comment gérez vous la photo sur commande? Quel est votre secret pour recréer un univers ou une magie que vous pouvez ne pas apprécier ?
Il y aurait deux types de photo sur commande, celles qu’on va me demander de faire et celle qu’on va me commander sur mes galeries existantes. Pour la seconde, c’est plutôt simple et automatique. Je suis constamment en train de remplir mes galeries pour qu’elles offrent de plus en plus de contenus.
Il y a ensuite la commande. S’il s’agit d’un sujet que j’ai l’habitude de traiter, je tente. Je ne m’engage pas sur des sujets que je pourrais ne pas maitriser. Je n’ai jamais eu à traiter d’univers que je n’apprécie pas.
Dans vos récents travaux, vous utilisez les nouvelles technologies dont le 360….Qu’apportent -elles à la communication ? Quels sont les prix que vous pratiquez? Sont ils à la portée des petites et moyennes entreprises ?
La Vr 360 existe depuis quelques années maintenant. Concrètement, il s’agit de la meilleure manière pour découvrir un lieu. Une photo est belle mais peut être figée. Beaucoup de personnes ont l’impression d’être trompé sur les proportions ou la beauté des lieux. Dans une vidéo, l’utilisateur n’est pas libre de ses mouvements. Il n’a pas toujours envie de regarder une vidéo en entier.
Dans le cadre d’une visite virtuelle, l’utilisateur voit un lieu comme si il y était! Il est libre de ses déplacements et visite ce qu’il souhaite. Les images sont lisibles sur tout support numérique et avec la 4G ou même la 3G, celles ci sont fluides. A mon sens, celles ci ne doivent pas remplacer la photo (communication papiers, rapidité des diffusions sur les média) mais les compléter.
Mes prix sont fonctions de la taille des lieux et du nombre d’espaces à présenter. En fait , je calcule toujours mon prix par le temps qu’il me faut pour réaliser mes prises. Je pense que les prix sont à la portée de toutes les entreprises car je sais m’adapter aux budgets.
L’image générale de la Tunisie est encore bloquée, réduite aux mêmes endroits, souvent les mêmes!. Un peu comme si le pays ne se résumait qu’à une petite partie du territoire. C’est cela qui me déplait! Comment réduire la Tunisie à 2-3 territoires? Comment pendant 30, 40, 50 ans, continuons nous à toujours montrer les mêmes endroits dans la communication officielle du pays?
Effectuez vous des travaux à l’internationale?
Oui dans le sens ou j’évolue principalement entre la France et la Tunisie. Ceci dit, je n’hésiterais pas à aller ailleurs si l’occasion se présentait…
Quelle appréciation faites vous aujourd’hui de l’ image de la Tunisie?
Le pays est vraiment beau! Du nord au sud, il y a des paysages variés avec chacun leur particularité, charme et histoire à raconter. Nous avons vraiment un pays riche à présenter.
Ceci dit, il y a une représentation assez ancienne malheureusement. L’image générale de la Tunisie est encore bloquée et réduite aux mêmes endroits. Ils sont d’ailleurs souvent les mêmes comme Sidi Bou Said ou Carthage,… C’est comme si le pays se résumait à une partie du territoire. C’est cela qui me déplait! Comment réduire la Tunisie à 2-3 territoires? Pourquoi depuis 30, 20 ou 15 ans, nous continuons à montrer les mêmes endroits dans la communication officielle du pays?
Fort heureusement plusieurs acteurs de l’image tels que des jeunes photographes et vidéastes arrivent à émerger avec des travaux intéressants et à partager de belles nouvelles images de la Tunisie. Cela est nécessaire! Cela fait franchement plaisir!
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