Mille et une Tunisie : Pouvez-vous succinctement vous présenter et nous parler un peu de votre parcours artistique?
Je suis belgo tunisienne, ayant passé toute ma vie en Belgique où j’ai appris le solfège, le piano, la guitare et la flûte, mais aussi le ballet, et les danses folkloriques baroques. A l’adolescence, tout en continuant mes études, je suis entrée à l’école d’art dramatique pour y apprendre le théâtre et l’art de la parole (diction, déclamation, éloquence). En parallèle, je prenais des cours du soir aux Beaux-arts pour apprendre à dessiner, et à maîtriser la peinture. C’est aussi à cet instant que j’ai commencé le yoga.
Bac en poche, j’ai ensuite fait une école de stylisme et suis rentrée dans la compagnie de théâtre de Guy Villers. Après une formation dans la création de chapeaux à Bruxelles, je suis devenue assistante de scénographie à Bucarest, où j’ai aussi présenté mes collections de prêt à porter ainsi qu’à Rome. De retour en Belgique, j’ai ouvert mon atelier, fais des expos dans des galeries d’art, des défilés, et toujours le théâtre, cette fois dans la compagnie professionnelle de Michel Udiany, Zeron Tropa.
Parallèlement, j’ai toujours dansé, pris des cours, et m’inventais ce monde où toutes mes passions pourraient se lier. En effet, enfant, après les cours de ballet, je restais de longues heures dans l’atelier de couture de ma grand-mère, ancienne petite main de Dior…
A 19 ans, Rachid Saidi, organisateur de soirées, me demande de faire une danse orientale pour un gala. Pudique, j’ai accepté, pour une seule fois… et me suis retrouvée au cœur d’un spectacle. Je n’aurai jamais deviné à l’époque devenir danseuse pro un jour ! J’ai alors pris conscience de ce que mon corps pouvait faire dans l’oriental, et la semaine d’après, encore malgré moi, je me suis retrouvée à danser en première partie d’un concert de Natacha Atlas.
J’ai alors commencé à structurer mes mouvements, et à travailler avec des musiciens marocains qui m’ont fait découvrir ce rythme envoûtant, ne me laissant aucun répit, dansant encore et encore jusqu’à ce que le mouvement soit juste. L’un d’eux dirigeait même mon ventre et mes hanches au bâton, ce fut une formidable expérience. Après plusieurs années de travail et de pratique, je suis devenue professeur, mais ai continué à me former auprès de grands noms comme Leila Haddad ou Momo Kadous, le chorégraphe égyptien.
Pourtant, je n’étais jamais satisfaite de mes spectacles, comme si ce n’était pas moi. L’impression de vendre son corps couverts de paillettes. Je rêvais d’une danse qui mélangerait les genres. J’ai alors intégré des mouvements différents à ma danse orientale, ceux des tribus sahariennes ou indiennes. Sans le savoir, j’avais rencontré le tribal fusion.
Mes activités de comédienne m’ont ensuite transportée à Monaco où durant 5 ans, je suis également devenue professeure de danse.
Aujourd’hui, l’envie de changer de vie m’amène en Tunisie, où je suis installée depuis le mois d’Août 2010. J’y enseigne le yoga et la danse tribal fusion, et prend régulièrement l’avion pour partager mon savoir ailleurs, à Monaco, en France et en Belgique.
Mille et une Tunisie : Le 22 avril 2011 vous animez une conférence et une démonstration à l’Espace Zmorda sur la Danse Tribal Fusion. Pouvez-vous nous en dire plus sur cette Danse?
Une danse qui, née dans les années 60 aux Etats Unis, bouleverse tous les clichés de la danse orientale. Costume qui ne brille pas, couvert d’accessoires ethniques, cet art allie majestueusement toutes les danses tribales du monde entier et l’oriental. L’avantage, c’est que la danseuse peut alors créer sa propre fusion. On peut alors trouver des danses arabo-andalouses, le ballet oriental, le tribal rétro où l’on ondule au son des chansons classiques de Mistinguett, le tribal gothique dansé sur des musiques expérimentales et des bruits, des sons de rue, habillée de pantalon rayé et de manchettes résilles, le tribal romantique, dansé sur de la musique baroque habillée d’un faux cul, et portant une ombrelle et des gants blancs, etc. Etant passionnée de danses indiennes (que j’ai apprises) et de l’antiquité, ma fusion était trouvée. Le yoga m’a aidé aussi dans cette quête. Côté costumes, je m’inspire des tableaux d’orientalistes. Mais puisque cette danse est à l’origine une fusion entre l’oriental et les danses des indiens d’Amérique, il n’est pas rare de trouver sur la danseuse des bijoux amérindiens.
En tribal fusion, les costumes tous faits achetés n’existent pas. Chaque danseuse doit apprendre à coudre. Ainsi, ai-je réalisé mon rêve : lier le stylisme (je conçois tous mes costumes toute seule), le théâtre (lumière et mise en scène de la danse), la musique si particulière en tribal qu’elle demande création et recherches, et bien sûr la danse, qui anime mon quotidien. Aussi, cette danse, riche de techniques différentes, est capricieuse et ne se pratique pas partout. Il faut un éclairage particulier, une ambiance, etc. Et beaucoup de temps pour trouver des perles musicales, s’éloignant du cliché de la danse moderne égyptienne.
Mille et une Tunisie : La danse Tribal Fusion s’adresse-t-elle à tout public (homme-femme, enfant-adulte)? Où peut-on prendre des cours à Tunis et à quel prix?
Non, seulement la femme et la petite fille peuvent la danser. Elle n’est pas du tout une danse masculine, contrairement à l’oriental. Néanmoins, cette danse était relativement récente, il se peut que des hommes s’y mettent un jour. Côté apprentissage, celles qui ont déjà fait de la danse orientale classique égyptienne seront avantagées par les mouvements du bassin, mais même débutante, on peut intégrer un cours de tribal fusion sans problème, puisque j’y reprend toutes les bases de l’oriental. Je donne des cours publics à Gammarth, au Golden Tulip. Le nombre croissant de demandes pour des cours particuliers m’ont poussée à ouvrir un espace privé, qui sera prêt à partir du 1er Mai, à Gammarth village. Il y accueillera maximum 3 élèves. Côté prix, au Golden Tulip comme à l’espace privé, la séance d’1h30 est à 20dt mais il est possible d’acheter une carte de 13 cours à 200 dt, revenant donc à 15dt le cours.
Propos recueillis par Aurélie Machghoul – crédit photo : Adib Samoud
Pour en savoir plus:
Nadia Jendoubi – E-mail : sshirinne@yahoo.fr
Conférence sur la Danse Tribal Fusion à l’Espace Zmorda vendredi 22 avril 2011 à 18h
Espace Zmorda : rue Yakout El Hamaoui, impasse 3 – 2036 Soukra, Sidi Fradj. Ariana, Tunis
Tél. : +216 70 949 717/ +216 25 345 031
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