Le Palais de la photographie est un centre culturel ouvert à la photographie liée à la région, au pays, à la culture. Entre pédagogie, recherche, diffusion et technique, ce nouveau lieu qui ouvre ses portes à Sfax permet de découvrir des talents, de révéler des passions, d’accompagner des projets. Sfax devient alors une capitale incontournable de la photographie. Interview avec Pierre Gassin, photographe et promoteur du projet, pour parler notamment de l’exposition inaugurale du projet; la Tunisie? Et demain?
1001tunisie: Comment avez-vous choisi d’inaugurer le Palais de la photographie de Sfax ?
Pierre Gassin: L’exposition inaugurale présente une image positive, constructive, optimiste de la Tunisie. Autant de regards que d’auteurs, connus ou inconnus, photographes, artistes ou lycéens, mais toujours dans une même direction : DEMAIN !
Créative ou documentaire sur le plan formel, l’exposition est le reflet des solutions, le relais des vocations, des innovations. Les œuvres sont accompagnées d’un texte expliquant comment chaque image reflète la Tunisie de demain. Espoir, amour, confiance sont les mots qui nous guident. Un livre sera aussi imprimé à cette occasion.
Présentez nous la maison de la photographe de Sfax? De quoi s’agit-il? Quel est votre programme pour 2017?
Le Palais de la Photographie (Palais fait plus rêver le reste du monde, le côté « palais des 1001 nuits » !) est une organisation associative qui essaye d’inventer une structure culturelle autonome financièrement…
Les activités sont nombreuses. Elles sont encadrées pas la société civile (bénévole) et par des professionnels. Pour résumer, il y’ a des départements aussi différents que des archives (pour créer une base de donnée accessible aux chercheurs, étudiants, éditeurs…), des productions accompagnées (des jeunes – et moins jeunes- guidés sur des sujets à moyen et long termes, avec des réunions de « rédactions » régulières, et les cours adaptés aux besoins), des expositions thématiques, des expositions locales, de l’édition, des projections de films, de l’analyse filmique, des rencontres, des tables rondes, des résidence…
Il y en a un peu trop ? Pas de problème, il en reste encore! J’oubliais une bibliothèque photo conséquente ! Dans les lignes directrices du projet, il faut retenir l’indépendance, la passion, les pédagogies, les échanges constants, la curiosité, et l’amour de son pays.
Qui visez vous? Quel est votre public?
Tout public passionné est concerné ! Nous allons rapidement contacter toutes les écoles, et les recevoir, des maternelles aux facultés.
Le Palais de la Photographie reçoit tout le temps. Le rez-de chaussée est un espace de travail et de rencontres. Tout public peut participer, écouter, discuter avec l’ensemble des activités. L’étage est réservé aux expositions, plus au calme.
Quel est le budget de la maison? Comment va-t-il fonctionner?
Le budget de démarrage est aidé par le Ministère de la Culture, au travers de Sfax Capitale de la Culture Arabe, mais aussi par la donation du Centre Iris (Paris) et puis par des aides particulières.
Le Palais de la Photographie est en contrat avec l’agence Signature – Maison des photographes, à Paris, pour la distribution des images réalisées sur place. Les droits reçus aideront le financement général, des stagiaires, du matériel commun, et des groupes d’auteurs. Il y aura beaucoup de bénévoles, et aussi des volontaires, fournis bientôt par France Volontaires et la Municipalité de Grenoble. Chaque volontaire sera assisté par des stagiaires tunisiens. De beaux échanges en perspective !
Revenons à l’exposition inaugurale. Positive Tunisie en est bien le titre ? Pourquoi ce thème?
La première exposition est « DEMAIN » – Regarder droit devant !
Je voulais rompre avec la morosité ambiante. Montrer des solutions, des envies, de la poésie, plutôt que de répéter les mêmes rengaines découragées et décourageantes ! Ne plus regarder derrière soit, mais croire en un avenir proche. Des élections arrivent, et il me paraît important de sensibiliser la jeunesse à la citoyenneté, à l’engagement, en la solidarité.
Qui expose?
Connus, inconnus, jeunes, moins jeunes… Je n’ai regardé que les images. Le résultat est varié, global, étonnant. Mais je vous laisse la surprise.
Quels sont les thèmes de l’exposition?
Il y’ a du jeu, de la nature, de l’écologie, des femmes de tête, du patrimoine …
Positive Tunisie est donc un plaidoyer pour le pays, en opposition à une négative Tunisie?
Oui, bien sûr, je refuse cette image négative si facilement véhiculée. Je parcours le pays depuis pas mal de temps, et je découvre tellement de passion. Je vois partout des initiatives…
L’exposition est-elle politique?
Politique ? Oui, mais pas politicienne ! Si être citoyen, c’est s’engager pour la communauté, oui, c’est politique.
Pierre Gassin, vous êtes vous même photographe. Quels sont vos travaux sur la Tunisie?
J’ai un compte facebook qui partage publiquement beaucoup d’images positives du pays. J’essaye de transmettre mon amour viscéral de ce pays, ses différences, sa culture mélangée. Je suis passionné par les gens vrais, les paysages profonds. J’aime trouver de la beauté et de l’amour partout. Et partager. Et la Tunisie est si propice à mes recherches…. Je suis un naïf amoureux !
Vous vivez à Sfax depuis quelques temps, qu’y aimez-vous? Pourquoi Sfax?
Je me sens bien à Sfax. Une ville qui a un potentiel impressionnant, et une société civile qui peut se donner les moyens de changer, révolutionner son cadre de vie. Je retrouve à Sfax la complexité et richesse de ma culture méditerranéenne. J’y ressens la curiosité, la solidarité, l’ouverture, la chaleur des gens… Il ne faut pas écouter les légendes. Et aussi on y mange si bien…
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