À Mi-Chemin, c’est un bistrot (dans le 14e arrondissement) où Paris rencontre la Tunisie. Le chef, Nordine Labiadh associe à la cuisine traditionnelle de son pays le meilleur de la gastronomie française. Dans un livre de cuisine qui cartonne, il propose des recettes de pastilla fondante de canard à l’orange, du couscous au poulpe et au potimarron, des joues de cochon à la sauge, un taboulé à l’aneth et au haddock, un tartare de thon à la menthe, un tajine de sardines bretonnes, des abricots au caramel beurre salé, un délice à la pistache… Mais au delà de ses talents de cuisiner, Nordine est conteur. Par Amel DJAIT
Nordine Labiadh est né dans le sud Tunisien. Petit, il regardait souvent sa maman, sa grand-mère et de nombreuses femmes de son village cuisiner. A Zita (ancien nom de Zarzis) il y’a la mer, les champs d’oliviers et le marché où Nordine allait presque tous les jours faire le marché. Plus jeune, il piochait dans les légumes bios du jardin.
Commis de sa mère et officier d’un père qui comme la majorité des hommes du village travaillaient en France et ne rentraient au bercail qu’un mois par an, le jeune homme, n’oublie jamais les saveurs, parfums et épices de son enfance. Il se souvient particulièrement du cumin. Une épice moulue au besoin et au moment pour qu’elle parfume le plat de toute son arôme.
Quand il part en France faire ses études, Nordine pense encore à sa mère et reste pantois devant un Paris où les fruits et légumes ne sont pas rythmés par les saisons. Avec du talent, du travail et de la générosité, il s’applique et ose peu à peu des mariages pas forcément heureux, sur le papier…Pourtant, avec lui ça marche ! Le résultat est bluffant. Actuellement , il ne se passe pas une semaine sans que l’une de ses recettes ne soit mentionnée dans Elle, Marie Claire….
Noredine estime que sa cuisine ressemble à son couple Franco-tunisien : » Je n‘ai jamais fait de la cuisine professionnelle en Tunisie. J‘ai appris à faire de la cuisine française bourgeoise en France. Avec ce livre, je voulais rendre hommage à tous les femmes tunisiennes. J’ai cherché dans le patrimoine gastronomique tunisien quelques saveurs que j’ai associé à la cuisine traditionnelle française pour construire un pont entre les deux pays. C’est une cuisine bourgeoise française avec deux saveurs tunisiennes ou une cuisine classique tunisienne avec une technique française et des produits nobles du terroir français »….
A chacun d’y lire l’histoire comme il l’entend.
Sur TripAdvisor, les compliments sont nombreux et le restaurant « Le Mi –chemin » de Nordine et son épouse porte parfaitement son nom ! Qui aurait pu oser faire un foie gras de canard mariné au Curcuma ! Sans doute un chef qui a vécu entre Paris et Tunis ! Un cuisinier qui pense que la cuisine parle et raconte la vie, les traditions, les pays….
Et cette histoire, il l’écrit dans un livre qui est aujourd’hui dans le top 10 des livres de cuisine de l’année 2016
Fort de son succès, Nordine estime « qu’il faut sauver tout ce qu’il reste la cuisine de nos mères et valoriser les produits de terroirs. J’aime la Tunisie. J’aime la France. J’aime mon travail. C’est cela que sent ma cuisine. C’est une cuisine créative et personnelle, tournée vers les autres. La cuisine tunisienne est un point de rencontres des cuisines andalouses, juives tunisiennes, berbères, siciliennes, maltaises, C’est une vraie cuisine méditerranéenne. C’est une richesse inouïe !”
Crédit photo: Nordine Labiadh