Passionnée de bridge, ce jeu de carte qui se joue à quatre et par équipe de deux avec un jeu de 52 cartes, et militante d’une image culturelle haut de gamme de la Tunisie, Neila Guellaty porte à bout de bras depuis plus de dix ans le Festival international de bridge de Hammamet. Un événement qui compte dans le calendrier international et méditerranéen et qui attire un flux de plus de 300 touristes dans notre pays.

Rencontre avec Neila Guellaty.

Mille et une Tunisie : Parlez-nous du Festival international de bridge de Hammamet ?
Neila  Guellaty : Ce Festival existe depuis 25 ans. Il est porté par la fédération tunisienne de bridge et je m’en occupe depuis maintenant 10 ans. C’est une compétition qui regroupe les bridgeurs tunisiens venus de tout le pays pour se confronter aux meilleurs joueurs internationaux. En dix ans, nous avons triplé le nombre de participants pour atteindre environ 240 bridgeurs, et le niveau ne cesse de s’élever. Le Festival International de Tunis est devenu le rendez-vous du bridge méditerranéen et une date dans le calendrier du bridge mondial.
Cette manifestation est d’ailleurs couverte par de nombreux journalistes tunisiens et étrangers.
L’année dernière, malgré une conjoncture difficile, nous avons reçu des joueurs d’Egypte, de Jordanie, du Liban, de France, d’Italie, de Pologne, d’Espagne, du Portugal, du Maroc, de Suisse, etc.
Parmi eux des champions du monde, d’Europe et d’autres joueurs classés parmi les 50 premiers mondiaux.

Le bridge est-il un sport très répandu en Tunisie ?
Le bridge a été reconnu en 1993 par le Ministère tunisien de la Jeunesse et des Sports (son ministère de tutelle) comme sport à part entière. Le bridge est devenu une discipline olympique dont la première cession s’est tenue à Pékin en Octobre 2008. Les jeunes Tunisiens y ont représenté dignement leur pays.
Il faut savoir qu’en Tunisie la Fédération compte environ 300 joueurs de bridge répartis en clubs (UFE, Tennis Club de Tunis, Sheraton bridge club, Bridge Club de Sousse…).Il y a plus de 90 millions de bridgeurs licenciés recensés dans le monde. On peut commencer à jouer vers 7-8 ans.
Le bridge est un sport de l’esprit au même titre que les échecs. C’est une activité qui vise à développer (surtout chez les jeunes) le sens de la stratégie, de l’anticipation, de la maîtrise de soi, de la déduction, de la mémorisation mais aussi le sens de la communication, donc l’esprit d’équipe. C’est aussi un sport accessible à tous car il ne nécessite aucun investissement.

Le bridge a parfois une image un peu vieillotte. Quelles sont les actions entreprises en Tunisie pour changer cela ?
La fédération tunisienne de bridge dont le siège se trouve au Tennis Club de Tunis dispense gratuitement des cours à tous les jeunes. Mohamed Rebaï, un autre passionné, a mené pendant des années un travail de fond en animant un peu partout en Tunisie des conférences pour présenter ce qu’est le bridge et sensibiliser la jeunesse. Ainsi le bridge est enseigné dans plusieurs universités et lycées tunisiens. Grâce à tous ses efforts, nous avons réussi à rajeunir nos effectifs.Un académie de bridge est également en train de naître.

Pourquoi le Festival de bridge de Hammamet ?

Parce que je pense sincèrement que la Tunisie a tout à offrir en tant que destination pour accueillir un festival sportif et culturel de renommé internationale. Je souhaite à travers cet événement donner une autre image du pays, une image de qualité, de diversité et de prestige.
Nous recevons chaque année environ 160 joueurs étrangers.Avec les accompagnants, cela correspond à un flux d’environ 320 personnes qui découvrent un pays, une gastronomie, un art de recevoir, une convivialité toute tunisienne etune culture. Economiquement, ils permettent des entrées d’argent puisque ils dépensent leurs devises sur place. Ce sont aussi des gens qui sont amenés à revenir régulièrement soit dans le cadre du Festival soit par leur propre moyen. Certains joueurs envisagent même de venir s’installer ici pour leur retraite.
Je ne cacherais pas que, cette année, je suis inquiète pour cette 25ème édition du Festival à cause des propos anti juifs et anti chrétiens qui ont été proférés ces derniers temps par des groupuscules non représentatifs de la nation tunisienne mais qui incitent à la haine et effraient.

Rencontrez-vous des difficultés pour l’organisation de ce Festival et de quel type?
L’incompréhension du ministère de tutelle, le ministère de la Jeunesse et des Sports et celui du Tourisme. En fonction du ministre en place je reçois soit un soutien inconditionnel et un sincère enthousiasme soit l’indifférence et l’incompréhension la plus totale. Il n’y a aucune régularité, aucun suivi administratif des dossiers.
C’est extrêmement épuisant d’avoir à convaincre chaque année les mêmes administrations.Heureusement, certaines sociétés privées sont fidèles au festival et le soutiennent chaque année. Je pense à Edifia, Vichy, Renault/Nissan, SICAM et la BIAT.

En l’espace de 10 ans le Festival international de bridge de Hammamet est devenu un événement attendu du bassin méditerranéen. Comment avez-vous réussi cela?
Je crois tout d’abord que nous avons, nous Tunisien et méditerranéen, une hospitalité et un accueil d’une grande convivialité qui ne se retrouve pas ailleurs. Le bouche à oreille fait ensuite le reste. J’accueille les bridgeurs internationaux comme des hôtes que je recevrais dans ma propre maison. Nous les prenons entièrement en charge, je m’organise avec l’hôtel le Royal à Yasmine Hammamet pour faire découvrir la gastronomie de notre pays.Nous leur proposons des excursions pour découvrir le Cap Bon, etc. La qualité de l’accueil et du séjour est un argument de taille.
Ensuite, je fais tout un travail de communication en amont du festival.Je sensibilise les bridgeurs européens en organisant des petits tournois de bridge en Europe au nom du Festival international de bridge de Hammamet (lors du Festival du jeu de Cannes, dans des cercles de jeu privé comme le Club Saint-Honoré à Paris…). Les prix sont des séjours en Tunisie. Ces tournois ont donc pour vocation de faire connaître le Festival et de faire découvrir la Tunisie. A terme si l’ONTTnous soutenait régulièrement, j’aimeraisorganiser cela au Portugal, en Italie, en Espagne, aux Etats-Unis…
Nous faisons également chaque année une insertion publicitaire dans le magazine spécialisé « Le Bridgeur » et enfin, je fais venir la presse tunisienne et internationale pour couvrir le Festival. C’est ainsi que nous avons régulièrement des articles dans le Figaro ou le Nouvel Observateur.

Propos recueillis par A.M.

Pour en savoir plus :
www.ftbridge.org.tn/festival

Tél. : +216 20 522 521 – mail : neiladg@hotmail.com

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