Afin d’en savoir plus, Mille et une Tunisie a rencontré deux membres actifs de l’Association des Amis du Belvédère : Zine el Abidine Ben Aïssa, président, et Emna Charfi, chargée de la Communication et des relations inter-associatives.
Mille et une Tunisie : Que se passe-t-il actuellement dans l’enceinte de la zone verte du parc du Belvédère ?
Zine el Abidine Ben Aïssa : depuis 2008 des terrains appartenant à la municipalité de Tunis et faisant partie de la zone verte du Belvédère ont été déclassés et vendus pour un dinar symbolique à des proches de Leïla Ben Ali. Sur ces terrains de quasiment 5000 m2, les arbres ont été arrachés (78 en tout) et des travaux de terrassement entrepris afin de construire des villas. Une première habitation a été finalisée en 2009, une seconde est en cours de construction.
Emna Charfi : L’Association des Amis du Belvédère souhaite alerter la population sur ces acquisitions abusives de terrains qui appartiennent à l’Etat, c’est-à-dire à nous citoyens. Depuis la Révolution les travaux se sont accélérés et se poursuivent scandaleusement.
Mille et une Tunisie : L’Association des Amis du Belvédère a-t-elle informé les autorités ?
Zine el Abidine Ben Aïssa : Oui, bien sur, nous avons alerté la municipalité et demandé l’arrêt des travaux. Le souci est que les propriétaires de ces 2 villas ont des titres de propriétés tout à fait légaux. C’est le mode d’acquisition qui est illégitime puisque c’est sous la pression de Leïla Ben Ali que la municipalité a été contrainte de déclasser et de vendre au prix qu’on lui a imposé. Actuellement, l’AAB a fait appel à un avocat et, légalement, le seul recours que nous ayons est d’attaquer la ville de Tunis en tant que responsable du déclassement abusif.
Emna Charfi : Nous organisons également samedi 2 avril 2011 à 15h une marche de protestation pacifique qui ira du parking du stade Zouiten jusqu’au rond-point du boulevard de la Ligue arabe.
Mille et une Tunisie : Quelles sont les conséquences de ces constructions abusives sur l’environnement ?
Zine el Abidine Ben Aïssa : Elles altèrent l’ensemble paysager du parc. Celui-ci a été conçu pour favoriser des points de vue différents sur la ville et avoir des transitions progressives entre la nature et l’urbain. De plus, ces constructions sont bâties sur des terrains très en pente, il y a un fort risque de glissement de terrain. Enfin, si nous commençons à autoriser et à légaliser tous ces dépassements abusifs et illégitimes, c’est la fin de beaucoup de sites tunisiens.
Emna Charfi : L’écologie et la qualité de vie qui en découle ne sont pas suffisamment prises en considération en Tunisie. Le ministère de l’Ecologie a disparu du gouvernement provisoire, c’est devenu un Secrétariat rattaché au ministère de l’Agriculture. Le récent scandale de la décharge de déchets toxiques de Jradou ne fait que prouver que l’écologie n’est pas une question anodine mais nous concerne tous.
Mille et une Tunisie : Quelle sont les revendications de l’AAB concernant ces 2 constructions illégitimes ?
Zine el Abidine Ben Aïssa : L’Association des Amis du Belvédère demande l’arrêt des travaux, la destruction de la maison en cours, la réintégration du terrain au domaine de la municipalité et le re boisage de la parcelle. Concernant la maison qui a été fini en 2009, nous souhaitons qu’elle revient à la municipalité et qu’elle soit consacrée à des activités municipales d’intérêt général. Il est important également que le peu de terrain qui n’est pas bétonné soit également reboisé.
Propos recueillis par Aurélie Machghoul
Pour en savoir plus :
L’Association des Amis du Belvédère
E-mail : amidubelvedere@gmail.com / tél.: (+216) 71 890 386
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