Majd Mastoura est un des visages de cette Tunisie qu’on aime! Un artiste qui par son talent a porté les couleurs de la Tunisie haut et fort en gagnant lors de la “Berlinale 2016” l’Ours d’argent du meilleur acteur pour son interprétation du rôle Hedi réalisé par Mohamed Ben Attia. Originaire de Menzel Abderrahmane, il parle de son village, du regard qu’il aimerait qu’on porte sur son pays, salue la société civile et se félicite du bouillonnement de sa jeunesse. Par Amel DJAIT
1001tunisie : Comment allez-vous depuis l’ours d’argent du meilleur acteur au festival de Berlin ? Avec du recul et, quel souvenir précis gardez-vous de ce moment?
Majd MASTOURA : Je vais très bien. Rien n’a vraiment changé à part un plus fort appétit d’entamer d’autres aventures artistiques
Quelle est votre actualité ? Sur quoi travaillez-vous actuellement ?
Je viens de déménager à Paris pour poursuivre mes études de théâtre. Je fais beaucoup de festivals, comme Mohamed, Rym et Sabah d’ailleurs ! C’est passionnant ! J’aime voyager, rencontrer les gens et parler du film “Hedi”. Je me prépare pour la sortie française du film prévue pour le 28 décembre.
Avez-vous des projets dans le viseur ?
Avec mon agent, nous sommes en train de voir quelques projets qui pourraient m’intéresser. Je suis aussi en train de traduire un texte « La chose publique » de Philippe Dujardin du français au dialecte tunisien.
Quand vous êtes en Tunisie, quels sont vos endroits préférés ?
Pour les petits-déjeuners il y’ a la cuisine de la maison familiale à Menzel Abderrahmen avec une vue sur notre jardin, la ville et le lac. Ensuite, il y’a le vieux port de Bizerte et le petit port de Menzel Abderrahmen.
A part ça, franchement, je ne suis pas quelqu’un qui sort beaucoup! Je préfère les soirées dans des maisons où on peut écouter de la bonne musique, danser et parler à son aise.
Si je vous dis la Tunisie est une saveur ou un goût, quel serait-il ?
Celui de l’harissa et d’un bon café turque bi’zhar ( à l’eau de fleur d’oranger)
Et si je vous disais un parfum ? Que choisiriez-vous ?
Celui du jasmin et du tabac.
Quand un ami étranger veut découvrir la Tunisie. Quel itinéraire lui préparez-vous? Où l’emmenez vous ?
Il doit impérativement passer par Bizerte et mon petit bout de paradis de Menzel Abderrahmen. Ensuite, je lui ferais sûrement visiter Kerkennah et Djerba que j’adore !
Pour le surprendre, je lui ferai goûter la « mloukhiya », déguster un bon couscous et apprécier un bon vieux Magon.
Avez-vous des adresses préférées à partager avec les lecteurs de 1001tunisie? Un coup de cœur en particulier?
Je dirais aux visiteurs qui veulent découvrir la Tunisie de sortir des circuits et tours classiques et surtout d’éviter les clichés. Je les encourage à aller visiter Carthage, Sbeitla, Bulla Regia et Chemtou. Ce sont des sites archéologiques exceptionnels! Je leur donne une astuce. Squattez une cérémonie de mariage de Kerkenah ou du Kef. Cela sera inoubliable !
Pour découvrir la Tunisie, la vraie, il faut aller à la rencontre de la vie des tunisiens et des tunisiennes quoi ! Ne vous arrêtez surtout pas à la carte postale !
Vous êtes natif de Menzel Abdrehamane. Y avez vous de la famille ? Y allez-vous souvent ? C’est quoi une journée type ou le cérémonial de Majd Mastoura dans son fief ?
J’y vais souvent. C’est mon coin paisible. C’est là où j’ai passé mon enfance dans une très belle petite ville côtière avec du très bon poisson. Maintenant que je vis en France, et que plusieurs de mes amis sont à Tunis, je passe mes journées entre la maison avec ma famille et avec mon ami M. Nous sommes souvent en voiture, en scooter ou à pied en train de nous promener et de parler de tout et de rien.
Que pensez-vous de la situation politique en Tunisie ? Etes-vous déçu de la révolution?
Déçu de la classe politique qui jusqu’à ce moment, est incapable d’être à la hauteur des revendications de la révolution et qui n’arrive pas à répondre aux aspirations de la jeunesse bouillonnante.
D’autre part, je suis content que la jeunesse et la société civile soient si actives. Des initiatives comme « Ménich Msemah » ont réussi à faire réviser la dernière version de la loi concernant la réconciliation économique. Je pense aussi à des initiatives citoyennes comme celle de Jemna.
Que pensez-vous du cinéma tunisien? Quelles sont les derniers films que vous avez vu ?
Il y’ a une fraîcheur certaine dans les films qu’on a pu voir les dernières années. Il faut que cette fraîcheur soit soutenue par le Ministère de la culture et tous les organismes intervenants dans la création cinématographique.
Quels sont vos projets pour l’année 2017?
Continuer de travailler en France et en Tunisie. Actuellement, il y’ a des ateliers d’écriture et de théâtre avec la coopération française qui sont en cours de préparation.