Leila Tekaya est Directeur de la Communication et des Relations publiques de l’Office National du Tourisme Tunisien (ONTT). Durant le Salon ITB ASIA 2017, aux côtés de la FTH et la FTAV, elle a assuré avec brio la représentativité de la destination Tunisie au cours de toutes les manifestations (rendez vous, conférence de presse, destination show…). La jeune femme dynamique et volontaire prend la pose pour 1001 Tunisie le temps d’un bilan à chaud. Entretien conduit par Amel DJAIT
1001tunisie: Leila Tekaya, 72 heures quasiment non stop sur le salon ITB ASIA confirment-il une attente ou une certaine surprise ?
Leila Tekaya: Nous pensons tout savoir sur les marchés Asiatiques mais en fait c’est un continent à part et il va vraiment falloir procéder de façon chirurgicale afin de mieux l’approcher. Nous devons arriver à isoler les marchés émetteurs et considérer que chaque pays est un vivier énorme mise à part et en plus de la Chine.
La Chine n’est-elle pas prioritaire ?
Bien sur que si mais nous avons constaté sur le Salon ITB ASIA un gros intérêt de la part de l’Inde et de Hong Kong. Par exemple, plusieurs opérateurs de Hong Kong cherchaient à rafraîchir leurs programmes sur la Tunisie. Le marché a donc besoin d’être informé des nouveautés et nous devons éviter le copier/coller des programmes classiques. Il y a donc un grand travail de réactualisation à faire pour certains pays. Ceci dit, il faut réaliser que dans son ensemble le marché asiatique est une aubaine!
Précisément, cette aubaine comment s’y prendre pour la convertir ? Ce marché pourrait être aisément un produit dopant pour la destination Tunisie. Avons nous les moyens de nous attaquer à ces marchés émetteurs au vu des ressources limitées que l’on connait?
Il va falloir concentrer les efforts et surtout ne pas s’éparpiller. Il faut que cette concentration soit palpable et claire. Nous devons nous mettre des objectifs réalisables sur une moyenne période. Nous devons pouvoir mesurer nos objectifs. Nous avons besoin de nous déployer et devons aussitôt savoir qui sont nos clients, comment voyagent-ils, ce qu’ils dépensent, quel est le taux de leur satisfaction, que dépensent-ils pour pouvoir affiner et mieux développer le canal de la commercialisation.
Nous devons aussi et surtout travailler avec des préoccupations durables. Nous devons mettre des objectifs clairs par segmentation des groupes cible. De nouvelles approches marketing seront à explorer pour aller chercher en Asie la clientèle MICE, les « honeymooners », les amants de la culture et autres, en développant la coopération bilatérale et les partenariats avec les compagnies aériennes.
N’est-ce pas plus facile aujourd’hui ? Le temps où l’on vous répondait Indonesia quand vous évoquez Tunisia est apparemment révolu ?
Absolument ! La Tunisie a déjà sa place sur la carte. Il fallait juste insister sur les combinaison aériennes au départ de l’Europe et du Moyen Orient. Il faut expliquer qu’on peut combiner la destination avec d’autres destinations mais il est clair que les opérateurs Asiatiques situent clairement le pays au croisement de la méditerranée.
Qui sont les 11 000 chinois qui sont venus en Tunisie jusqu’en septembre 2017?
Nous avons besoin de savoir plus sur eux. Qui sont-il ? Viennent –il de Chine ou d’ailleurs? Quelles sont leurs motivations principales? Ils viennent pour faire quoi? Quelle perception de la destination -avant et après- ont-ils? Il y a un travail pointu à faire au niveau du profilage de la clientèle.
Combien de rendez-vous avez vous réalisé sur le Salon ITB ASIA 2017? Quelles sont les demandes?
Nous avons eu une centaine de rendez vous et de visites par jour avec nos partenaires FTH et FTAV. Les visiteurs du stand venaient d’Inde, de Singapour, de Malaisie, d’Indonésie, de Chine, Hong Kong…. Ils étaient journalistes, opérateurs, agences digitales, incentive houses… Les questions qui revenaient en boucle étaient : Comment venir à vous? Quel est la durée de séjour minimum pour découvrir l’essentiel? Que faire pour découvrir la Tunisie de l’archéologie ou du Sahara?
Le sahara ne leur fait pas peur ?
Non, pas du tout! Il faut savoir le vendre, et vraisemblablement, ceci, ils le savent déjà. Notre Sahara est “friendly” et du coup, ils sont rassurés par notre expérience professionnelle, la qualité des structures hôtelières, la proximité de la région… Ceci dit, le Sahara Tunisien a fait ses preuves. Ils savent qu’il est une destination pour les groupes d’incentive et ils sont vraiment en demande. Du coup la région du Sud est une valeur sure pour la marché Asiatique en général et pour le marché chinois en particulier. Et ça confirme ce que l’on sait déjà.
Quels message clefs aujourd’hui faut- il faire aux opérateurs tunisiens et à l’administration de tutelle? Comment sensibiliser de l’urgence de partir à la conquête de ces marchés?
A mon avis, il y aurait lieu de désigner une équipe de suivi et ne pas lâcher prise sur le marché au niveau de notre Administration. La mission de cette équipe travaillerait en complément avec la représentation de l’ONTT à Pékin qui assure une mission importante de développement du tourisme tunisien sur la Chine. Cette idée est d’ailleurs totalement acquise et pour preuve, nous sommes partenaires avec la GIZ.
Suite à ce Salon, nous prenons, tous et ensemble, encore plus conscience que nous avons devant nous de grandes opportunités. Le secteur privé est vraiment impliqué et c’est tant mieux! Au nom de l’ONTT et de notre Ministère de tutelle, je tiens à remercier la GIZ pour son engagement. La GIZ apporte des fonds mais aussi et surtout de l’expertise pour soutenir le tourisme Tunisien. Tous ensemble, nous pouvons aller beaucoup plus loin et plus vite.