Un témoignage sans haine ni violence et un hommage aux poètes tunisiens et à leur terre. De retour d’une série de représentations, Mille et une Tunisie a rencontré Joel Berrebi, directeur de la compagnie « Najma ».

Mille et une tunisie : « Sarkha » cri ou roc ?
Joel Berebi : Cri bien sur ! Cri de la jeunesse tunisienne, cri du silence, cri poussé non pas avec la voix mais avec le corps, à travers l’acrobatie, la danse…

Mille et une tunisie : Quel accueil le public a t-il fait à ce spectacle?
L’accueil a été très bon et chaleureux. Des tunisiens de France nous ont dit que le spectacle les rendaient fiers d’être tunisiens. Unanimement ,  le public a dit qu’il ignorait qu’il y avait des artistes de cette qualité en Tunisie. Il ignorait aussi qu’il y avait du cirque contemporain de ce niveau. Certaines personnes ont pleuré, mais de belles et chaudes larmes d’émotion. Presque tous les soirs les spectateurs se levaient à la fin pour faire un « standing ovation » aux artistes.

Mille et une tunisie : Qui sont ces jeunes artistes? Quel est leur parcours?
Les artistes sont des jeunes issus de l’Ecole Nationale des Arts du Cirque de Tunis créée par Mohamed Driss. Ils ont intégré  l’école sur concours. Certains d’entre eux ont fait des arts martiaux, du sport ou de la gymnastique. Ils sont tous de Tunis et de la banlieue sud, d’origine parfois modeste.

Mille et une tunisie : Pour devenir artiste de cirque ?  ne faut-il pas avoir le goût du risque?
Il faut surtout avoir le goût de la sécurité! Le risque est inhérent au cirque. Il en fait partie. Pour être artiste de cirque, il ne faut pas avoir peur et il ne faut pas craindre le risque mais le gérer. Cela se fait aussi avec du bon matériel vérifié régulièrement, une hygiène de vie sérieuse et responsable, avec du travail régulier et de l’entrainement.

Du cirque contemporain porté par des jeunes artistes qui criaient leur colère le 14 janvier avec tout le peuple tunisien. Ce spectacle a t-il été lifté après la chute de Ben Ali?
Non, le spectacle n’a pas été lifté après la révolution. Il est resté le même, rattrapé par l’actualité. Ce qui a évolué, c’est l’interprétation des jeunes artistes (7 garçons et 2 filles). Le spectacle a donc pris une force nouvelle, une couleur un peu différente….
Les artistes sont des éponges. Ils absorbent des émotions dans la vie puis les ressortent sur scène. Leur vécu lors du 14 janvier, la fierté qu’ils en ont retirée, la puissance qu’ils ont ressentie puis ces derniers temps leurs inquiétudes quant à l’avenir de leur Ecole et du pays transpirent dans le spectacle. C’est le propre du spectacle vivant comme on l’appelle.

Le cirque contemporain mêle plusieurs genres artistiques à l’inverse du cirque traditionnel où le divertissement et le spectaculaire priment. Quel est l’avenir de cette troupe et que devient l’Ecole du Cirque de Tunis?

L’avenir de cette troupe à court terme est la participation au Festival International du Cirque de Moscou du 3 au 6 septembre 2011. Les artistes seront les 1ers circassiens tunisiens en Russie! A moyen et long terme, c’est difficile à dire. L’école est menacée. Le théâtre national a un nouveau directeur que je n’ai pas encore rencontré… Les jeunes sont très inquiets et comptent énormément sur moi. Ceci est une très lourde responsabilité.

Des représentations sont-elles prévues en Tunisie?
Rien de prévu et nous en rêvons tous. Je dirais même que dans le contexte actuel des représentations sont nécessaires

Propos recueillis par Amel Djait

Pour en savoir plus : http://sarkha-balagan.blogspot.com

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