Aïcha Gorgi : Gorgi était un des artistes tunisiens les plus contemporains, les plus libres, avec une dimension «Gorgiérotique» encore méconnue de ses œuvres ; il a aussi beaucoup fait pour les jeunes artistes. Pour Gorgi, c’est le dessin qui lui donnait la liberté de découvrir d’autres univers ; le dessin n’est en fait qu’un prétexte pour aller vers autre chose. Une des phrases « gorgiesques » que j’adore le plus ? « Je ne dessine pas le vendeur de jasmin, je dessine le parfum du jasmin », en réponse à un critique d’art qui voulait savoir pourquoi il dessinait les vendeurs de jasmin.
Mille et une tunisie : Ce serait donc LA phrase que vous retiendriez…
Aïcha Gorgi : La deuxième phrase que je trouve extraordinaire de lui est sa réaction à la réflexion de quelqu’un qui avait évoqué le handicap de la maladie de Parkinson : « Cher ami », lui rétorqua-t-il, « le Parkinson n’est pas une maladie, c’est une danse. Le tout est de trouver son rythme » ! Sa maladie ? Il l’a dessinée pour l’emprisonner. La maladie de Parkinson qu’il a contracté les dix dernières années de sa vie, si elle a emprisonné son corps, lui a également donné une liberté dans le dessin ; ça l’a obligé à découvrir une autre façon de dessiner, lui donnant une force qui a fait de ses dessins de cette dernière période de sa vie parmi ses œuvres les plus abouties, car elle lui a permis de développer d’autres sens, d’explorer d’autres univers. C’est quelqu’un qui inventait et se réinventait sans cesse, sans jamais s’installer dans une mouvance bien établie.
Mille et une tunisie : Et puisque nous-y sommes, entourés des créations d’Aicha Fïlali, quid de la prochaine expo ?
Aïcha Gorgi : C’est une expo de groupe, toutes expressions artistiques confondues, qui aura lieu fin janvier, autour de l’écriture : « A-t-elle un sens, un message ? La calligraphie : message ou esthétisme ? » A nos méninges… jusqu’au jour de l’expo !
Propos recueillis par Aisha Ayari
* galerie Ammar Farhat, “Elkolhom blayek” – Expo d’art et de photo de Aïcha Filali et présentation de l’ouvrage Plaques et propos, texte de Azza Filali, du 16 décembre 2010 jusqu’au 14 janvier 2011)
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