Une aventure que les héritiers affrontent avec passion mais non sans difficultés. Ouverture attendue pour le mois de septembre 2011. Entretien avec le promoteur Adel Besrour.
Mille et une Tunisie : Vous êtes en train de restaurer un bien familial dans l’île de Djerba pour en faire une maison d’hôtes. Pourquoi ce choix ?
Adel Besrour : Mon frère et moi avons eu l’idée de restaurer un Menzel Djerbien, le « Menzel Feneguia », qui appartient à la famille Besrour depuis 1734 environ , acte notarié à l’appui. Feneguia est le nom d’une sainte, arrière grand-mère des Besrour, enterrée dans ce Menzel. Pour la petite histoire, des habitants de l’île viennent visiter le tombeau d’« El Feneguia » pour demander la guérison de leurs bêtes et autres faveurs.
Nous disposons de 3 « houchs » dans ce Menzel. A ce jour, nous en avons restauré uniquement un et celui-ci est aujourd’hui prêt à héberger des hôtes. Un second « houch » est encore en ruine et le troisième est en bon état mais restera à la disposition de la famille puisque nous y logerons.
Mille et une Tunisie : Un « Menzel » serait donc constitué de plusieurs « houchs » ?
Oui , mais avec les « houchs », on trouve au Menzel le cimetière familial, le puits, les bassins d’eau, les rigoles pour l’irrigation et le séchoir. Tout est encore en ruine mais nous comptons restaurer tout cela pour replanter le Menzel et en faire un vrai ‘’Jnène’’. C’est une question de moyens financiers.
Un Menzel est un lieu d’habitat et de travail artisanal qui assure une certaine autosuffisance alimentaire pour une famille élargie. C’est sous ce concept que nous comptons commercialiser notre projet.
Mille et une Tunisie : Menzel Feneguia se trouve non loin de Midoun. Djerba est la destination mer par excellence. Pourquoi pensez- vous que des clients choisiraient d’habiter à l’intérieur des terres?
Les habitats traditionnels des Djerbiens n’ont jamais été au bord de la mer mais à l’intérieur de l’île. Le client trouvera chez nous le calme car, justement , nous sommes loin de la zone touristique. Nos clients auront aussi tout l’espace requis car le « houch » ouvre sur un terrain vaste d’environ 2 hectares. Il faut savoir que la ville de Midoun, où il y a toutes les commodités, se trouve à 1 km du Menzel. Le client peut y aller à pied. La mer et la zone touristique sont à moins de 5 kms.
Mille et une Tunisie : Restaurer un bien de cet âge est un travail délicat. Quels sont les soucis que vous avez rencontrés?
Restaurer n’est pas facile. Les matériaux de construction locaux et la main d’œuvre maîtrisant la technique ancienne sont rares. Et là, je parle de la pierre locale, « la tefza », qui se compose en fait des troncs de palmiers et qui servent pour la toiture. Les maçons qui acceptent et savent encore travailler à l’ancienne sont rares. Avant la restauration, nous avons aussi trouvé beaucoup de difficultés pour acheter la part des héritiers multiples et assainir la situation foncière du bien.
Mille et une Tunisie : Quand comptez-vous ouvrir votre maison d’hôtes? Quel en sera la capacité et le nom ?
Nous commencerons la commercialisation de l’hébergement avec le « houch » restauré vers le mois de septembre prochain. « Menzel Feneguia » est un des rares domaines qui, grâce à la conservation de ses composantes architecturales , reste témoin de ce que furent les Menzels typiques de l’île de Djerba
La maison d’hôtes est prête à accueillir les hôtes avides de découvertes culturelles et en quête de ‘‘slow tourisme’’. L’architecture authentique avec voûtes, arcs et coupoles, l’ouverture sur le ciel par une cour intérieure, le dimensionnement humain des espaces, l’absence d’artifices et le juste confort nécessaire font, de cette maison, un lieu d’exception. Un lieu qui invite au repos, au calme et à la sérénité dans une île où « l’air est si doux qu’il empêche de mourir » , comme le disait Flaubert dans son roman Salammbô.
Propos recueillis par Amel Djait
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