Invitée de la session 2023 de Dream City ,https://lartrue.org/en/festival-dream-city un des rares évènements en Tunisie qui fait bouger la ville et l’internationalise, l’artiste gambienne Sona Jobarteh a fait vibrer le théâtre municipal de la ville de Tunis lors de son récent passage.
Par Amel DJAIT
Par sa délicatesse, son engagement et sa forte présence, l’artiste a fait la démonstration de la puissance de la musique et de son héritage 7 fois centenaire. Pour celle qui figure parmi les virtuoses de la Kora dans le monde, la musique ne ment pas. Elle déclare d’ailleurs durant son concert: “Ce n’est que quand la musique est vraie, sincère et respectueuse des valeurs universelles qu’elle parvient à dépasser les frontières. La musique raconte l’histoire des peuples. Elle raconte l’Histoire”.
La kora pour histoire !
Le concert qui se jouait à guichets fermés a une fois encore démontré l’avidité du public tunisien pour la musique africaine ! Le théâtre a vibré avec l’artiste. Il a chanté, dansé, scandé, applaudi,…
Charmé par la jeune femme et son fils de 16 ans qui jouait avec elle, les spectateurs savaient-ils que Sona Jobareth porte un projet de grande envergure? La GAMBIAN ACADEMY https://thegambiaacademy.org qui se consacre à “la réorientation des programmes d’études et à l’évaluation critique de ce qui sert le mieux les jeunes africains afin de les doter des connaissances, de la passion et des outils dont ils ont besoin pour réussir en tant qu’acteurs de changement proactifs, entrepreneurs, modèles, ainsi qu’une main d’œuvre hautement qualifiée”.
Chanter Vraie
Jobarteh développe un programme qui soutient la croissance et le développement holistique des enfants, intégrant l’entrepreneuriat, le leadership, la nutrition, la santé et la formation professionnelle dans le tissu même d’un programme académique centré sur les valeurs, la culture et l’histoire africaines. Cette approche, dit l’activiste Jobarteh, crée une génération d’Africains intrinsèquement fière de sa culture. cette génération est confiante en ce qu’ils sont en tant qu’Africains.
Sur scène, elle n’hésite pas à déclarer que “l‘éducation est un élément essentiel du changement des mentalités, qui à son tour détermine le degré de réussite d’une nation dans son cheminement vers l’autodétermination, l’auto dépendance, l’autogouvernance et l’autosuffisance économique.”
Sur scène, elle raconte ses propres débuts difficiles avec la Kora, sa position de femme dans la conversion du patrimoine notamment musical mais aussi de son rôle en tant que fille, mère, citoyenne, artiste…Sona Jobarteh parle vrai, chante vrai et raconte avec détails les défis pour l’artiste Africain aujourd’hui! Comment peut-il parvenir à imposer son art? Comment peut-il réussir à toucher autrui? Comment assumer un rôle de leader dans la transformation de l’héritage autant que dans sa préservation? Faut-il renoncer à son identité pour passer un message?
Faut-il renoncer à son identité pour passer un message?
Le concert de Tunis a duré 90 minutes. Il a quasiment obligé les uns et les autres à tapoter sur leur téléphone pour voir où se trouve la Gambie? Quel est cet instrument magique que manipule Sona? Beaucoup se demandaient comment la jeune talentueuse artiste a t-elle réussi a internationaliser son pays avec le morceau GAMBIA? https://www.youtube.com/watch?v=PtmmlOQnTXM
La magie Dream City
Ceci dit, Dream City a aussi cette magie de rendre à la capitale tout ses attraits. La ville palpite et les édifices abandonnés reprennent vie. Le public, souvent averti, réinvestit la ville et la rue durant toute la durée de ce festival qui gagne en maturité!
Cela duret-il ? L’impact est-il permanent? La réponse est non! DOMMAGE!
Du coup, on ne peut s’empêcher de se dire pourquoi le Ministère du tourisme tunisien, la ville de Tunis et le Gouvernorat ne proposeraient pas aux équipes “Dream City” une version “light” qui se tiendrait d’Octobre à Mai pour animer la médina et le centre ville de Tunis?
Exiger que tous les commerces réouvrent, créer des petits restaurants au marché central, appâter les “brands” locaux et internationaux ( exonération d’impôts, location symbolique de bail municipal,…), laisser les artistes performer dans les rues, assurer un nettoyage non stop, retravailler la lumière des quartiers et des principaux monuments et édifies notamment coloniaux, assurer des spectacles tous les jours dans la bonbonnière, El Hamra, El Teatro, Dar Lasram, Palais Khereddine, …
Tunis Capitale a besoin que l’on mettre en place un programme culturelle et touristique qui soit un mixte entre “Dream City”, les “Journées Cinématographiques de Carthage ( JCC) ” et la dynamique culturelle du mois de Ramadhan! En 2 temps 3 mouvements, la ville se dressera comme une capitale animée qui créera des emplois, de l’image, de la sécurité,
Il suffira alors de laisser la bonne humeur des tunisiens faire le reste…
Ah si…seulement si!