C’est à la faveur du Salon international du tourisme et des voyages (Sitev 2012) que l’Ambassadeur de Tunisie à Alger Mohamed Nadjib Hachana a déclaré lors d’une conférence rehaussée par la présence de Habib Ammar, Directeur général de l’Office national du tourisme (ONTT),: «Les touristes algériens n’ont rien à craindre en Tunisie… Depuis un an et demi, c’est-à-dire le début de la révolution du Jasmin aucun incident n’a été signalé contre les touristes par la presse nationale et internationale».

Il a precisé que «les chiffres officiels démontrent que la situation sécuritaire en Tunisie est très bonne… On rassure nos frères algériens que tout va bien. Les chiffres parlent d’eux-mêmes. Aucun incident avec des touristes n’a été signalé aux services de sécurité… Les touristes européens n’ont pas été inquiétés, alors on imagine mal que nos frères algériens avec qui nous entretenons une relation particulière le soient!». L’ambassadeur a tenu à rassurer les Algériens quant à la stabilité en Tunisie : «Ne craigniez rien, la Tunisie va bien… Comme cela a toujours été le cas, la Tunisie reste le pays de la tolérance».

Il a ensuite évoquer l’urgence de créer un marché commun entre les deux pays en mettant l’accent sur le tourisme et le transport. Les deux pays projettent de relancer les lignes maritimes et ferroviaires qui les relient et une autoroute sera aussi construite à Tabarka au niveau de la frontière tuniso-algérienne pour la relier à l’autoroute Est-Ouest. D’autre part, l’Ambassadeur a déclaré que  «L’activation de la convention d’établissement accordant aux Algériens établis en Tunisie le droit d’accès à la propriété et à l’emploi a été faite. Auparavant, un permis était exigé pour le droit d’accès à la propriété et à l’emploi. Celui-ci a été annulé.»

Le tourisme Tunisie s’active à sa manière pour sauver la saison en cours. Pour Habib Ammar: «Nous pouvons doubler le nombre de touristes algériens en Tunisie, si nous améliorons l’attractivité de l’offre». Les touristes algériens après avoir sauvé plusieurs saisons touristiques tunisiennes ces dernières années seront-ils la clé pour sauver cette saison aussi? Quel est l’impact des élections sur le choix des Algériens de leurs destinations de vacances?

Les incidents liés à l’ accrochage d’Errouhia et de Bir Ali Ben Khelifa avec les salafistes jihadistes, la multiplication des visites de prêcheurs obscurantistes, la mainmise sur les mosquées , l’émirat de Sejnane, l’escalade de l’horloge de l’avenue Habib Bourguiba, l’envahissement de l’aéroport de Tunis Carthage, l’attaque des points de vente d’alcool au Kef et dernièrement à Sidi Bouzid… sont largement suivis par les médias algériens. Pèseront-ils dans leur prise de décisions? Pousseront-ils les touristes algériens à choisir le Maroc ou la Turquie, pays de plus en plus attractifs pour eux ?

Dans sa livraison du dimanche 20 mai 2012, le quotidien algérien «Liberté» écrit : «La Turquie reste encore pour cette année au top des destinations, même si l’Espagne fait une sortie remarquée. L’on note aussi une percée des produits Malaisie et Cuba et une tentative de retour de la Tunisie, mais sans succès. Les témoignages des agences lors de ce Salon international du tourisme et des voyages (Sitev 2012) attestent d’un recul flagrant de la demande pour cet été. Les Algériens qui se rendaient en Tunisie avec leurs propres véhicules ne semblent pas vouloir s’y aventurer cet été et préfèrent rester au pays pour ceux qui ne peuvent pas se permettre des escapades à l’étranger».

Pour l’instant et en plus de la Tunisie, la Turquie et le Maroc lorgnent sérieusement vers ce marché touristique où plus de deux millions d’Algériens ont manifesté le désir de partir en vacances à l’étranger. Le Maroc que beaucoup d’Algériens inscrivent comme leur destination favorite, souffre d’un handicap sérieux, celui de la fermeture de la frontière terrestre. Cela rend le séjour à Marrakech, Agadir ou Casablanca onéreux et cher. Les opérateurs touristiques marocains sont en train de travailler à la mise en place de vols charters et des voyages par bateau depuis Alger et Oran. Connaissant la rapidité et l’efficacité des Marocains, cela ne saurait tarder !

En Tunisie et dans une déclaration accordée à « maghrebemergent.info », le Directeur général de l’ONTT a relevé le caractère «non structuré du secteur en Algérie, au même titre que la Tunisie d’ailleurs». Une situation qui a fait que les Algériens sont en 3ème position en termes d’affluence en Tunisie derrière les Libyens et les Français. Un autre hic et de taille. Les Algériens paient les prix plus chers !

Ils étaient un peu plus d’un million à se rendre en Tunisie en 2010. Le chiffre a diminué, en 2011, à 700 000 personnes .La Tunisie saura-t-elle récupérer ses parts de marché ? Saura-t-elle préserver sa place sur un marché de plus en plus concurrentiel?

Amel Djait

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