Mille et une Tunisie : Skander Khelif, pouvez-vous vous présenter pour ceux qui ne vous connaisse pas ?
J’ai une formation d’ébéniste. Je travaillais dans l’atelier de mon père, c’est là que j’ai quasiment tout appris. Puis je suis parti à Paris à la fin des années 80 pour assister en tant qu’auditeur libre au cours de l’Ecole des Beaux-Arts. Même si j’aimais la matière bois, j’étais très attiré par le travail de la pierre, toutes les pierres. Je suis resté 3 ans aux Beaux-Arts avant de rentrer à Tunis en 1992 pour des raisons économiques. Je tirais le diable par la queue là-bas ! J’ai alors travaillé dans différents ateliers et comme accessoiriste pour le cinéma. J’étais sur le tournage de  “La guerre des Étoiles” pour les décors.
Ensuite, j’ai fait partie de l’aventure avec Mohamed Messaoudi et Patrick Yassine Calis au tout début de l’atelier qui allait devenir Driba 93. Puis j’ai lancé mon propre atelier en 1998.

Mille et une Tunisie : Que produisait votre atelier et pour quelle clientèle ?
Ma clientèle est assez internationale et principalement constituée d’architectes, de décorateurs, d’artistes mais aussi de collectionneurs et de musées pour qui j’ai fait de la restauration d’objets d’art. J’ai aussi travaillé avec des archéologues français pour des reproductions de pièces anciennes.
Dans mon atelier, nous produisions des jarres, des vasques, des parements, des objets décoratifs en marbre… J’ai toujours été passionné par ce que je fais et j’ai toujours cherché à expérimenter dans mon domaine. Le marbre jaune de Chemtou, le khadel rose de Borj Cedria, le fussana de Thala… Chaque pierre a sa personnalité qu’il faut apprivoiser.

Mille et une Tunisie : En fermant l’atelier Skander Khelif c’est un pilier de l’artisanat d’art tunisien que l’on perd. Pourquoi cette décision ?

Depuis la révolution, je n’ai quasiment plus de client et les factures s’accumulent c’est pourquoi j’ai décidé de fermer l’atelier. Je ne tiens plus tout simplement. J’avais 3 ouvriers qui ont heureusement tout de suite retrouvé du travail. Les 9 derniers mois ont été très difficiles économiquement et je ne prenais finalement plus de plaisir à venir travailler. Dans ces cas là, il vaut mieux arrêter. L’atelier est repris par un autre artisan d’art, qui travaille, lui, la marqueterie de marbre, Mehdi Benedetto.

Mille et une Tunisie : Quels sont vos projets d’avenir ?

Je vais me consacrer à mon travail artistique car je peins et sculpte mais également à mes cours de dessins et de peinture. Finalement c’est une nouvelle vie que j’entame !

Propos recueillis par AM

Skander Khelif
Tél. : (+216) 98 364 585
Email : ventdularge2001@yahoo.fr


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