Mille et une Tunisie : Comment se conçoit un espace libanais à Tunis?
Rym Kéfi : Le décor joue un rôle non négligeable dans la création d’un espace hors de son contexte. Il était surtout question de transposer l’ambiance des espaces libanais tels que nous les connaissons. Des ambiances d’un Liban innovant, créatif et moderne. Un pays rempli de fraicheur et de joie de vivre. Ce sont ces que nous voulions partager ces aspects avec nos clients ?

Y  a t il des aprioris esthétiques?
On pouvait s’attendre à des dorures, des boiseries traditionnelles, des couleurs plus chaudes, etc. En fait, nous avions envie de défier ces idées préconçues et dépasser les clichés en restant fidèle à notre conception de Beyrouth. Une capitale avant-gardiste qui devient une référence internationale dans le monde de la restauration et du divertissement. Cela a l’air de marcher. Puisque nous recevons beaucoup de compliments sur l’espace qui semble être différent, reposant et agréable à notre clientèle.

Le lac est un quartier qui ne vit que le jour. Avez-vous pris cela dans votre conception?
En effet nous avons pris cela en considération dans la conception. En fonction de l’emplacement et de la clientèle du Lac, nous avons décidé de rester dans la simplicité. Les gens viennent pour une pause déjeuner rapide (d’où les tables et chaises hautes) et nous devions veiller à ce qu’en plus d’une bonne nourriture, le cadre soit agréable, décontracté et convivial.
Nous voulons que nos clients se sentent à l’aise dans un cadre élégant et beau. Si nous avions eu à créer un lieu pour le soir, nous aurions conçu un endroit plus scintillant, à l’image de Beyrouth « by night ».

«Comptoirs de Beyrouth est conçu pour être un traiteur. Au vu de son succès, il est en train de devenir un restaurant. Comment allez-vous modifier cela?
Effectivement, nous faisons face à notre premier petit défi post ouverture. C’est plutôt bon signe et nous n’allons pas nous en plaindre ! Notre stratégie est de garder notre concept de base, le « Contemporary Food Store », et de le renforcer. Nous allons ajouter quelques tables, professionnaliser davantage le service tout le maintenant flexible et chaleureux, optimiser le temps d’attente et mieux communiquer sur notre offre.

Nous restons dans le « sans chichi » et le self service élégant. La commande se fait directement au comptoir. Dns notre restaurant, vous pouvez manger sur place, commander pour vos événements, déguster pour découvrir de nouvelles saveurs… Bientôt, vous pourrez apprendre à faire la cuisine libanaise traditionnelle. Nous lançons également quelques produits de confiserie et d’épicerie fine.

L’agencement d’un espace de restauration diffère t’il de celui d’une boutique ? Est ce votre premier aménagement? Pourquoi le vert et blanc ?

L’agencement d’un espace de restauration diffère de celui d’une boutique  de par sa nature et bien sûr sa clientèle cible. Le consommateur est en quête permanente de stimulations sensorielles et à la recherche d’émotions.
Le vert, le blanc, le mauve et le greige qui sont nos 4 couleurs maîtresses, se trouvent régulièrement dans les mets que nous offrons à nos clients (la pistache, la Ochta( crème libanaise), le sumac, la verdure, les aubergines,). Le vert et le blanc sont dominants au magasin parce que nous voulions donner cette sensation de repos, de sérénité et aussi de propreté. C’est très important dans un food store.

Pourquoi ce choix modernisant alors que Beyrouth rime avec le faste et l’orient ?
Notre espace est très moderne, mais nous avons quelques touches orientales qui rappellent cette fabuleuse combinaison du moderne et du traditionnel symbolisée par la ville de Beyrouth. Nous avons développé tout cela avec l’aide de notre graphiste libanaise, Lili Maalouf qui a beaucoup contribué à définir l’identité de notre établissement.

Quel est votre parcours ? Est ce votre premier projet ?

Les Comptoirs de Beyrouth est un projet qui me tient particulièrement à cœur, mais il n’est pas le premier. Je ne les compte plus depuis longtemps. Je suis diplômée de l’école des Beaux Arts de Tunis (spécialité architecture d’intérieur) et j’ai connu un parcours plutôt riche et diversifié: Une première expérience dans des bureaux d’études, suivie d’une seconde dans l’enseignement supérieur (enseignante d’arts plastiques à l’Ecole Nationale d’Architecture et d’Urbanisme), ensuite un passage à l’Institut National du Patrimoine où je faisais partie de l’équipe de Muséologie.

Je me suis finalement mise à mon compte il y a quelques années avant d’atterrir aux « Comptoirs de Beyrouth » où j’occupe le poste de responsable des opérations. C’est une entreprise familiale à grand potentiel. Nous sommes tous passionnés et nous avons beaucoup de plaisir à travailler ensemble.

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