Le chef jongle entre la tradition tunisienne, les saveurs sucré salé et quelques petites touches personnelles. Les habitués se composeront sans doute un parcours assez équilibré pour apprécier l’ensemble mais pour les profanes, les menus, tout savoureux qu’ils soient se révèlent parfois lourds, très lourds, trop lourds pour lui permettre de combiner le plaisir gastronomique sans les lourdeurs d’une possible indigestion.De son côté, le service, s’il est incontestablement raffiné, est parfois assuré avec la maladresse d’un pianiste aux pattes d’éléphant.
Dans un autre registre, j’avais gardé pour « Le Chalet » à La Goulette, le souvenir satisfait des moments qu’on se promet de revivre. Dans cet alignement de restaurants où toutes les cartes semblent copiées collées, « Le Chalet » apparaît comme une bouffée bien réelle d’originalité. Sa carte est tout un voyage dans la cuisine juive, souvent méconnue de Tunisie. Ses vins sont suffisamment nombreux et variés pour permettre les plus heureuses associations. Ce qui ne gâte rien, l’accueil et le service manient tout à la fois la décontraction, l’humour et la volonté de guider le client.
Pourtant, comme en beaucoup de restaurants tunisiens, « Le Chalet » cultive l’inconstance des endroits où la vérité d’un jour n’est plus la vérité de l’autre jour. Dans un menu toujours identique, les promesses restent tout aussi nombreuses et variées pour aborder des saveurs nouvelles. Oui mais…
« Ah cela, nous n’avons plus, monsieur ». « Ceci, le chef ne le prépare pas aujourd’hui » !
Et vous en arrivez à choisir… ce que le chef ou le restaurant ont décidé de vous mettre sous le nez.
Malheureux ! D’autant plus malheureux que, hormis cette lacune quand même fort désagréable, la préparation est la découverte restent au rendez-vous.
« C’est déjà ça », diront les optimistes. Oui mais, cela m’interdit de le recommander sans réticence.
Alain Trémiseau
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