Vivre le temps d’un voyage ou d’une excursion avec les oiseaux réserve mille et une surprises. Difficiles à regarder et à approcher, les oiseaux sont rares. Il faut d’ailleurs apprendre à les regarder. L’œil humain a la faculté de faire abstraction des éléments secondaires et donc peut apprendre à regarder les oiseaux qui se cachent les uns derrière les autres, dans les arbres ou sous les feuillages… Certains, novices ou amateurs, tentent aussi ce genre d’expérience pour la photographie. Mais photographier, c’est aussi et avant tout apprendre à regarder.
Toujours coincé au niveau de projet, le tourisme nature ou écologique tarde à se mettre en place en Tunisie. D’ailleurs, il reste encore très difficile de réserver une sortie ornithologique tellement peu de programmes sont disponibles sur le marché. Amateurs et curieux butent sur le même manque d’informations : pas d’indications, pas de guides, peu de livres… Jusqu’à ce qu’un passionné d’ornithologie décide d’en faire un métier. Issam Miladi a longtemps fait de l’observation des oiseaux un « hobby », un choix de vie. Il est guide ornithologique et opère à partir d’El Haouriya où il vit. Désormais, il organise des sorties ornithologiques pour des petits groupes. Un entretien pour comprendre comment fonctionne une journée d’observation d’oiseaux et de savoir l’essentiel : quand, où et comment ?Issam Miladi répond aux questions d’Amel Djait.
Mille et une Tunisie : Depuis quand êtes-vous guide ornithologue ?
Issam Miladi : J’ai commencé cette expérience en tant que coordinateur d’un Camp International pour le suivi de la migration des rapaces et des grands planeurs. Je travaillais à l’époque pour le compte de l’association « Les Amis des Oiseaux » de la région du Cap bon.
En quoi consiste une sortie ornithologique ?
Une sortie ornithologique consiste à visiter des biotopes où on peut rencontrer des espèces d’oiseaux. Certains ornithologues sont passionnés par les oiseaux d’eaux, d’autres par les rapaces ou encore par les passereaux, etc. Tous sont sensibles aux spécificités éco culturelles du milieu : botanique, agriculture, art culinaire…
Combien de temps dure une sortie ornithologique? Quelle est la meilleure période pour faire une sortie?
Une sortie peut durer d’une journée à une semaine. Les escapades dans le désert tunisien à la recherche d’espèces sahariennes peuvent durer jusqu’à une semaine. On peut organiser des sorties pendant toute l’année car à chaque saison, il y a des oiseaux particuliers à voir.
Pourquoi doit-on sortir avec un guide spécialisé ?
Lui seul à l’expérience du milieu. Il est outillé pour connaître les sites d’observations et sait choisir les meilleurs moments. Il connait surtout toutes les espèces à trouver.
Quelles sont les variétés d’oiseaux propres à la Tunisie? En une seule sortie combien d’oiseaux voit-on?
En Tunisie, on peut observer environ 180 espèces différentes entre espèces migratrices et sédentaires. Il arrive qu’au dessus d’ El Haouriya, on puisse voir plus de 30 espèces de rapaces au printemps.
En règle générale, on ne peut savoir par avance ce que l’on va voir durant une sortie ornithologique. Par contre, il arrive que, pendant toute une journée, nous ne voyons rien, puis les choses changent brusquement. Cela dépend des conditions climatiques. Je me souviens qu’au cours d’une sortie en 2005, nous n’avons rien vu durant toute la journée. Puis, d’un coup, nous avons recensé entre 17h00 et 18h30 plus de 1300 individus en migration.
Peut-on prendre des photos durant une sortie ornithologique ?
Absolument ! Certains y prennent même beaucoup de plaisir.
A quelle période la Tunisie devient-elle l’un des trois ponts migratoires les plus importants du monde ?
De Mars à Juin.
Pourquoi « El Haouariya » attire t- elle autant les oiseaux?
Grâce à sa position géographique. C’est le point le plus proche du continent européen. Un arrêt obligatoire et salutaire pour les oiseaux migrateurs.
Comment faire pour réserver? Vos sorties sont-elles régulières? Les enfants sont-ils admis ? De combien de personnes se composent les groupes?
Tous les âges sont acceptés. Il vaut mieux éviter d’être trop nombreux car il est hors de question d’être envahissants et de gêner la faune et la flore du milieu. Je pense qu’il vaut mieux ne pas être plus d’une douzaine par groupe. S’il venait à ce que nous soyons plus nombreux, nous nous diviserions en sous groupes et opérerions par zones.
Me concernant, je suis sur le terrain tous les weekends. J’y suis, soit pour assurer un suivi, soit pour la prospection de nouveaux sites. Pour le moment, les gens me contactent par email car je suis inscrit sur le site « birding pal », un site destiné aux ornithologues.
Combien coûte une sortie ?
Le prix dépend de la durée de la sortie et des sites à visiter. Il dépend aussi de la distance à parcourir et du nombre de personnes qui compose le groupe. Les prix peuvent aller de 150 à 500 dt la journée. Ceci dit, jusqu’a maintenant, je n’ai eu affaire qu’a des touristes étrangers qui viennent expressément en Tunisie pour passer une journée de « birdwatching ».
Comment faut-il s’habiller ?
Une bonne paire de chaussures de marche et des vêtements pas trop voyants car cela effraie les oiseaux. Il faut pouvoir se fondre dans la nature. Je conseille aussi de s’habiller en fonction de la saison. Il est aussi utile d’enfiler plusieurs couches de vêtements.
Où mange t- on ? En tant que natif de la région, quelles sont vos adresses préférées pour se restaurer à « El Haouriya »?
Pendant une journée « birdwatching », on mange souvent sur le terrain. C’est alors la formule du pique nique qui prime. Sinon, à « El haouriya » on a le choix entre différents restaurants. « L’épervier » a une jolie terrasse agréable et des plats pas trop chers. Le restaurant « Le pêcheur » est situé carrément sur la plage et fait du poisson sa spécialité. « La daurade » se trouve du côté des grottes puniques…
Contact:
Issam Miladi
Mobile: 00216 22 496 125.
E-mail: miladi_i@yahoo.ca
Pour en savoir plus, visitez son blog http://peninsuleducapbon.blogspot.com
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