A Siliana, à quelques kilomètres du site archéologique de Maktaris et de Kesra, le village le plus haut de Tunisie, dans la salle de distillation de l’entreprise SAFIR, les alambics et les réservoirs d’huile d’olive ressemblent à des sculptures géantes. L’odeur du romarin et de la rose ancienne qui sont en train d’être triés flottent dans l’air. Elle ne trompe pas sur la qualité des produits qu’on manipule ici. Visite dans un temple du bon et du beau. Par Amel DJAIT
Même si le site de production de Safir n’est pas ouvert au public, il n’en reste pas moins vrai que déguster les produits de la maison est un plaisir que s’offrent des millions de consommateurs en Tunisie et de par le monde.
Comment résister à savourer le croquant d’un artichaut violet de Jdeïda, coupé et conditionné à l’huile d’olive et au romarin ? Comment ne pas devenir accro à la salade méchouia faite à la main, grillée à souhait, un poivron après l’autre, méthodiquement, comme à la maison.
Ici, on ne badine pas avec les traditions: «Nos produits doivent toujours conserver leur goût original et leur équilibre. Nous faisons les choses à l’ancienne avec un respect total et quasi sacré des recettes en harmonie avec les attentes et habitudes de nos clients », souligne le chef de production de l’usine Safir de Mansourah.
Rappeler ses origines…
Cette immersion dans les entrailles de l’une des plus innovantes entreprises d’agroalimentaire de Tunisie prend tout son sens à l’heure où l’origine d’un produit n’a jamais eu autant de valeur. Car si la réputation de la marque n’est plus à faire, surtout après avoir raflé 8 médailles au 1 er Concours National des Produits de Terroir, tout le monde n’a pas forcément en tête son lieu unique de fabrication.
Même s’il est mentionné sur les contenants que les produits sont faits de façon traditionnelle, il est difficile d’admettre que cela est vrai et il faut d’ailleurs le voir pour le croire. Ici, les produits se racontent par eux-mêmes. Par la qualité qu’ils imposent et la crédibilité qu’ils gagnent et forgent un peu plus tous les jours.
Ici, on ne va pas seulement à la rencontre de produits. On découvre une culture, on saisit une histoire. L’histoire d’une famille qui met en valeur un patrimoine unique: «Nous ne sommes rien sans nos origines, nos terres, l’eau, nos gens… .Safir est l’histoire d’un arrière grand-père qui a commencé sa carrière dans la distillation du romarin, un produit que l’on ne cessera jamais de produire. C’est un héritage qui nous est extrêmement précieux » résume Ayachi Zemmal, le directeur général de l’entreprise.
Ayachi Zemmal est le jeune grand patron de l’entreprise. Il travaille en famille et il est fier d’être le responsable « héritage » de la maison. Ce poids, il le partage déjà avec son fils de 10 ans qui fréquente l’école du village et se voit déjà engagé dans la recherche et le développement de Safir. Il faut avouer que l’entreprise est bien plus qu’une unité de production de produits agroalimentaires.
Ici, on crée des brevets pour la cosmétique naturelle ou biologique qui sont revendus dans plus de 40 pays dans le monde. Ici, on n’hésite pas à faire bouger les lignes de l’agroalimentaire vers la cosmétique, les compléments alimentaires,…
Crédit photos: Pierre Gassin