donnant ainsi naissance à un îlot entouré de lagunes où des oiseaux migrateurs, notamment des flamants roses qui ont donné leur nom à l’endroit, avaient pris l’habitude d’hiverner.
Voyagistes et restaurateurs de Djerba ont, eux, pris l’habitude d’organiser des excursions sur cet îlot au départ du port de pêche de Houmt-Souk. On s’y rend le matin et on n’en revient qu’en fin d’après-midi pour cause de marée basse qui, entre ces deux moments de la journée, rend impraticable la circulation maritime dans ces parages.
La traversée –d’environ une heure de temps en suivant le cours du chenal s’effectue sur des esquifs aménagés en bateaux pirates ; l’équipage, bien entendu, est accoutré en flibustiers qui miment des abordages quant aux passagers, ils s’amusent à avoir peur pendant que le photographe de bord fixe pour l’éternité ces moments inoubliables contre monnaie sonnante et trébuchante.
Les embarcations accostent le long de débarcadères flottants. Vous débarquez, mettez pied à terre : dès ce moment, vous êtes une sorte de Robinson Crusoë. Vous êtes coupé de tout, solitaire au milieu de la foule. Vous réalisez tout d’un coup que vous êtes livré à vous-même. Devant vous, des abris aménagés par les opérateurs sur l’îlot pour servir de salles de restaurant auxquelles on ne peut accéder qu’aux heures de service, puis le sable ; puis la mer. C’est tout. Comme le soleil tape fort, il y a intérêt à se prémunir de couvre-chef et, pourquoi pas d’abri portatif pour les moments de repos entre deux longues baignades.
La mer, surtout sur son rivage nord-est est fabuleuse de fraîcheur et de limpidité ; sur la grève, on peut se livrer à des marches d’autant plus longues qu’elles vous éloignent de la foule.
Le déjeuner, servi en milieu de journée est d’une affligeante platitude n’eût été le poisson, systématiquement au menu, d’une fraîcheur et d’une saveur incomparables. Vous mangez au son de la musique dite folklorique –toujours bruyante et qui, souvent, se mêle aux prestations voisines de même acabit- et, pour la digestion, la maison vous offre l’incontournable mais ô combien bienfaisant thé à la mente ainsi qu’une séance d’animation pour vous mener gentiment vers la marée haute. A moins que vous ne vous échappiez pour une ultime baignade, une ultime marche.
Tahar Ayachi
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