La Tunisie renferme plusieurs sites salifères. Signe de richesse, source de puissance, le sel a toujours été l’enjeu de lutte entre les pouvoirs. D’ailleurs, l’exploitation du sel marque l’histoire récente du pays. Aujourd’hui, d’autres exploitations de cette ressource naturelle sont en gestation. La valorisation du territoire par l’organisation de randonnées à vélo par de jeunes nouveaux acteurs évoluant à Sfax en est un premier et encore timide exemple. La découverte des salines de Thyna, seconde plus importante saline du pays, nous permet de découvrir aussi et surtout un site Ramsar (convention internationale sur les zones humides d’importance internationale) et ZICO (zone importante pour la conservation des oiseaux). Reportage. Par Amel DJAIT
Le salinier dispose d’une matière première, la mer, qui ne contient que 3% de sel (Na Cl). C’est précisément là que tout le savoir faire intervient : faire
évaporer des quantités d’eau considérables pour obtenir ce que l’on appelle l’or blanc. Il est alors essentiel de disposer de surfaces répondant à des caractéristiques bien spécifiques pour qu’une goutte d’eau de mer, une fois pompée à l’intérieur du salin, puisse parcourir entre 50 à 100 km avant de cristalliser le sel qu’elle contient. A l’arrivée, les salines sont des immenses bassins où l’on récolte différents types de sels (table, industries…) que l’on exporte aux quatre coins du monde et qui se révèlent être un site naturel de toute beauté, oscillant à l’heure du coucher du soleil entre des tons rose pourpre, or et argent, gris et lilas…
Parfaitement entretenues, les salines sont une zone humide qui s’étendent sur 17 ha. Elles sont protégées par la convention de Ramsar (convention adoptée depuis février 1971 et relative aux zones humides particulièrement comme habitats des oiseaux d’eau). Il existe 2331 sites protégés par cette convention dans le monde, dont près de 40 se trouvent en Tunisie.
Un paradis refuge pour les oiseaux
Habib Dalansi est ornithologue. Expert international et membre actif de
l’association Les Amis des Oiseaux, il est employé de la COTUSAL, entreprise qui exploite les salines. De fait, il n’y a pas son pareil pour expliquer l’importance des salines d’un point de vue ornithologique. « Les salines de Thyna-Sfax sont celles où l’on peut voir le plus grand nombre d’espèces. Elles dépassent de loin le nombre d’oiseaux se trouvant par exemple au lac d’Ichkeul (40 espèces contre plus de 80). Elles accueillent plusieurs espèces menacées, sur un total d’environ 12 mille oiseaux ». Les salines de Thyna jouent 3 rôles: un site de passage (transitoire), un site d’hivernage et une pouponnière essentiellement pour les flamants qui y passent les 5 premières années de leur vie avant de voyager vers la Turquie, l’Espagne ou l’Italie pour nicher et se reproduire.
Rando à vélo dans les salines de Thyna
Depuis peu, et en guise d’illustration des nombreux projets qui se basent sur l’appropriation, depuis le 14 Janvier 2011, du pays par des opérateurs économiques locaux, une association a eu une idée de génie. Investir un lieu, pour le moins que l’on puisse dire insolite, pour un nouveau programme de loisir et de sport de plein air. L’association “Les Aventuriers” s’activent depuis un moment dans le vélo-tourisme. Elle propose des circuits de randonnée à vélo dans les sublimes salines de Thyna.
L’idée est porteuse et originale. Elle s’inscrit dans une démarche écologique qui permet d’exploiter autrement les richesses naturelles du pays et de découvrir autrement la région en mettant en avant ses atouts. Le produit apporte une nouvelle activité de loisir à la région de Sfax et constitue un produit touristique attractif nouveau. Les salines de Sfax s’étendent sur 1740 hectares environ. L’espace ne peut que donner aux divers circuits de randonnée à vélo une dimension impressionnante. Les participants profitent alors de la beauté des lieux et admirent la diversité des oiseaux qui y nichent. Et puis, le plus important, c’est surtout quand on emmène les enfants, la piste est carrossable et protégée.