Quelques siècles plus tard, de nombreux colons, attirés par les richesses naturelles et le potentiel commercial de l’île s’y établirent. C’est à ce moment que débuta la construction des premières fortifications qui deviendront par la suite le fort que l’on connaît aujourd’hui. Durant les XIVè et XVème siècle les espagnols qui s’étaient assuré la mainmise sur la côte nord tunisienne y construisirent un presidio, protégeant les corailleurs et damant le pion aux corsaires ottomans.

En 1542 la très puissante famille de banquiers Génois, les Lomellini, prend le commandement du fortin avec l’accord du roi de Sicile, représentant de Charles Quint. C’était une contre partie aux dettes de guerre qu’avaient contractées les Espagnols et aussi une gratification pour la capture de Dragut, célèbre corsaire, bras droit de Kheirredine Barbarossa, capturé par les Génois au large de la Corse.

C’est alors une concession très rentable qui va rapidement devenir un semblant de colonie : régie par des règlements administratifs nombreux, l’île s’organise autour de l’autorité des Lomellini et de l’Eglise. Peu à peu, pour faire face aux nombreux risques qui menacent la prospérité de l’île, les fortifications continuent à monter : le fort Gênois de Tabarka devient ce qu’il est aujourd’hui, un roc sur lequel toutes les tentatives d’assaut se sont soldées par des échecs .

Mais l’activité de la pêche du corail va commencer à péricliter : le trop peu de réserves et l’impossibilité de les exploiter en profondeur expliquent sa raréfaction. Les tabarquins sont alors obligés d’émigrer, vers Tunis et Bizerte pour l’essentiel, mais aussi vers la Sardaigne et la Sicile.

Les Génois vont alors chercher à céder leur comptoir aux Français sans toutefois en avertir le Bey de Tunis.
Hors de lui celui-ci envoie sa flotte attaquer l’île. Mais c’est par la ruse que son neveu va mettre à genoux l’île : il invite à bord tous les dignitaires de l’île, puis les jette en galère et met à sac le rocher : nous sommes en 1742 et c’est la fin du comptoir génois.

Ali Pacha gardera la main mise sur l’activité de pêche et du commerce du corail jusqu’en 1781, date à laquelle les Français y installent la Compagnie royale d’Afrique. Durant le protectorat, les français s’installèrent hors des murs du fort et construisirent une ville de type européen, c’est la Tabarka que nous connaissons, face à la presque île. Pendant la seconde guerre mondiale les troupes françaises libres utilisèrent le fort comme base fermant l’accès maritime entre la Tunisie et l’Algérie.

Aujourd’hui Tabarka est beaucoup plus paisible et invite dans ses eaux turquoises les vacanciers en quête d’un peu de fraîcheur. Dotée de nombreux établissements de qualité, d’un beau parcours de Golf ainsi que d’animations culturelles, à l’instar du Festival de Jazz de Tabarka, c’est la capitale touristique de la Kroumirie.

Rendez vous au fort par la promenade qui longe la plage : vous y  arriverez en passant près du port de plaisance et en traversant l’écrin de verdure qui entoure la bâtisse. Le fort est ouvert toute l’année, il n’est malheureusement pas mis en valeur à la hauteur de son histoire mais reste tout de même en très bon état de conservation.

S.S – photo : Sadok Gharbi

Pour plus d’infos, l’Office National du Tourisme Tunisien : www.bonjour-tunisie.com

{mainvote}