L’île de Djerba évoque souvent la mer, le soleil, les zones touristiques à n’en plus finir et leurs lots de plages de sable fin. Mais Djerba est aussi une île d’histoire, de culture, de traditions, une île intime qu’il faut apprendre à découvrir et à savourer. Eté comme hiver le tour de l’île à la découverte de ses borjs est un bon moyen de prendre pleinement conscience de cette dualité. Une côte Est bétonnée et touristique et une côte Ouest plus sauvage et préservée (espérons pour quelques années encore…)
Nous vous invitons à débuter votre tour de l’île (d’une durée d’environ 2h30 si vous prenez votre temps) par l’Est au levée du soleil. Les plus fainéants rechigneront à se lever aux aurores mais la beauté du paysage aux premiers rayons du soleil vaut vraiment la peine. Et puis, en été ce levé matinal vous évitera de subir la canicule djerbienne !
Si vous partez d’Houmt souk, la route jusqu’à Midoun n’a pas grand intérêt à part au niveau de la sebkha à la sortie sud d’Houmt souk où vous pouvez encore observer quelques oiseaux comme les flamands roses ou les grues cendrées… C’est aussi le lien de rendez-vous de bon nombre de kite surfeurs.
Passé Midoun, le paysage change. Vous croisez l´un des symboles de Djerba, le phare de Targuemès, tout de rouge et blanc, construit à la fin du 19e siècle sur ordre du bey sur une petite proéminence. Vous croiserez ensuite à Aghir le 1er borj, malheureusement transformé sous le protectorat français en bâtiment des douanes puis actuellement en maison de vacances pour les jeunes. Le borj Ksar Massoud au sud a connu un sort semblable puisqu’il est actuellement le siège de l’Office nationale de la pêche.
Passé Aghir, les bâtiments et constructions se font moins denses pour déboucher sur une route côtière en cours de réfection. C’est l’occasion de découvrir l’autre visage de l’île : une végétation de palmiers éparses et au sud la sebkha qui s’étend jusqu’au borj kastil. Construit au XIIIème siècle par l’amiral sicilien Roger de Loria et restauré aux XVème et XVIème siècles, ce fort de forme carré d’environ d’10m de hauteur est situé à l’extrémité de la presqu’île Bine el Ouidiane. On ne peut pas y accéder en voiture. Vous pouvez par contre rejoindre ce borj à pieds en été à travers la sebkha si vous êtes bons marcheurs (mais attention cette route est réputée dangereuse à cause notamment de la marée) ou en quad en vous arrangeant avec une agence de location. Cette zone de l’île est aussi un spot pour les accros de kite surf. Vous croiserez d’ailleurs un club de ce sport et différents petits restaurants si vous désirez vous arrêter. Puis c’est la ville d’el Kantara point d’arrivée de la chaussée romaine, une voie terrestre de 7 kms reliant l’île de Djerba au continent dès l’époque punique et que les Romains transformèrent en véritable voie de communication. Un borj, celui d’El Wassat, se situait auparavant au milieu de la chaussée romaine afin de surveiller l’accès sud de l’île. La chaussée fut élargie et doublée de conduites alimentant l’île en eau en 1973.
Toujours en longeant la côte, sur la route de Guellala, ne manquez pas de vous arrêter au site archéologique de Meninx. Il ne reste pas grand-chose à voir car la majorité du site a été submergé mais on peut encore observer quelques vestiges tels que des bases de colonnes en marbre blanc, des colonnes en granit, des chapiteaux ainsi que de nombreuses statues mais le cadre du site est vraiment très beau et vous apprendrez que Meninx était à l’époque phénicienne un comptoir commercial. La cité a connu son apogée à l’époque romaine, lorsqu’elle est devenue le chef-lieu de l’île. Une première prospection du site a mis en évidence des thermes, un amphithéâtre, un théâtre, une basilique et probablement un forum.
Prochaine étape de votre périple, Guellala, connu pour ses poteries de terre crue et son musée des arts et traditions populaires. Même si le musée du patrimoine de Guellala (http://www.mille-et-une-tunisie.com/index.php?option=com_content&view=article&id=721:musee-du-patrimoine-de-guellala) est bien moins attractif d’un point de vue muséologique que le musée d’Houmt souk, il vaut quand même le détour rien que pour sa collection de vêtements de mariée issus de toutes les régions tunisiennes. Guellala constitue aussi une étape pour faire une pause déjeuner. Sur la route du musée justement, « Le Poisson d’Or » propose un menu complet à 22dt axé autour des produits de la mer qui est un vrai régal.
Si vous préférez reprendre la route, direction Ajmi, connu pour son bac qui relie l’île au continent. Ajmi accueille également un borj, le Borj Marsa Ajmi. Situé dans la pointe sud ouest de l’île, sur la route reliant le port à la ville, la bâtisse avait pour fonction de protéger la principale entrée de l’île par le canal d’Ajmi.
Notre périple se poursuit à présent sur la côte ouest de l’île en direction de Sidi Jmour et du Bordj Djellil tout au nord. Débute alors une superbe découverte entre mer et côté sauvage. Barques de pêcheurs, vol d’oiseaux marins, demeures accrochées aux rivages ponctuent cette avancée. Sur cette côte, les fonds sont peu profonds. A marée basse, la mer en se retirant (de 100 à 200m) laisse de grandes flaques d’eau salée riche de toute une biodiversité. Au coucher du soleil, le paysage n’en est que plus dense.
A Sidi Jmour, une halte pour contempler le rivage et le marabout est indispensable.
Puis la route se poursuit ainsi jusqu’au Borj Djellij, le 1er phare de l’île construit au XVIème siècle sur les traces d’un ancien fort espagnol. Le système d’éclairage se faisait alors à base d’huile d’olive, olives cultivées sur l’île. La petite piste débouche sur un coin de mer où pêcheurs, filets de pêche et gargotes destinées à la pêche aux poulpes s’entremêlent dans une vision tout à fait charmante. C’est aussi l’occasion de découvrir à quelques mètres du bord de la plage la technique de pêche traditionnelle assez particulière et utilisée à Djerba (comme à Kerkennah d’ailleurs) : la zriba ou charfia (pêcherie fixe). Il s’agit de haies ou de cloisons de palmes enfoncées dans la vase des hauts fonds pour arrêter le poisson et le diriger vers les nasses.
De retour sur l’axe principal, il vous suffit de passer derrière l’aéroport international d’Houmt- souk pour revenir à cette ville par le nord. N’oubliez pas ici de visiter le Borj Mustapha Ghazi ainsi que le fabuleux musée du patrimoine de Djerba situé non loin de la mosquée des étrangers.
Votre escapade autour de l’île des Lotophages est ainsi bouclée !
Mille et une Tunisie et djerba.net.free.fr/bordj.htm