Ghar El Melh, littéralement la Grotte de Sel, est située au bord d’un lac de 30km2 de superficie qui communique avec la mer, au pied du Jbel Nadour (340 m d’altitude) et qui vit essentiellement de la pêche sur le lac ou en mer mais aussi de l’agriculture.
Vous remarquerez, si vous vous aventurez du côté du port de pêche, les parcelles de sable, véritables jardins marins, où les agriculteurs font pousser sur un lac d’eau salée par un miracle de la mécanique des fluides pommes de terre, oignons, tomates et piments qui ont un goût si particulier. Autrefois c’étaient les vergers de pommiers et de poiriers qui faisaient la réputation du Cap Farina.
La bourgade a connu son apogée au XVI et XVIIème siècles avec l’installation de la diaspora andalouse chassée d’Espagne. Les Turcs y ont également laissé de nombreux souvenirs de leurs passages : ils s’y étaient fortement implanté sous le Dey Osta Mourad.
Le port et son arsenal construit à cette époque abritait jusqu’à dix vaisseaux armés pour la course et était un des ports de repli des corsaires turcs et des pirates maltais. Les bagnes, les Borj Lazaret, el Loutani et el Ouestani accueillaient les prisonniers chrétiens des corsaires, qui s’ils n’étaient pas utilisés comme esclaves, vivaient dans l’attente du paiement de leur rançon dans ces forteresses fermées la nuit et d’où ils pouvaient sortir le jour pour travailler et même commercer. Certains choisirent de se convertir à l’Islam, demeurèrent en Tunisie et se mêlèrent à la population locale. Ne vous étonnez pas de croiser des regards clairs et des tignasses blondes dans les rues de la ville, c’est un signe de plus de l’identité multiple de la Tunisie.
La ville a également accueilli pendant plus de 100 ans une grande communauté maltaise qui s’était spécialisée dans la contrebande avant de se reconvertir au maraîchage durant la période coloniale, et finalement rentrer pour une grande partie à Malte à l’indépendance.
L’Histoire est omniprésente dans cette ville charmante d’où se dégage une atmosphère unique. C’est une des rares villes de Tunisie qui n’ait pas connu d’afflux massif de migrants venant d’autres zones du pays : les familles qui constituent le tissu social de la ville sont toutes des familles locales où implantées là depuis des siècles. Ceci explique peut être le respect de l’environnement et l’attention portée à la propreté des rues, la politesse de ses habitants et la quasi absence de délinquance. On y retrouve les valeurs qui ont fait la réputation du Tunisien dans le monde, l’hospitalité, la générosité et le respect.
Ghar el Melh a accueilli plusieurs années de suite en été un festival de photographie, qui s’installait dans les Borj et dernièrement un festival de films d’animation; nous ne manquerons pas de vous donner les dates des éditions 2012.
Une fois passés sous le Sabbat, portique érigé par les turcs, au centre du village, vous prenez la route de la merveilleuse plage de Sidi Ali El Mekki et de son marabout, de sa forêt de pins, du Cap Farina et ses randonnées exceptionnelles. Mais c’est là un autre sujet que nous aborderons très bientôt !
S.S
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