Les hauts et les bas d’une histoire… chahutée par la nature et les hommes

La viticulture a fait partie intégrante de l’agriculture tunisienne jusque l’invasion arabe dans la première moitié du VIIIème siècle. A partir de ce moment, le vin a vécu une histoire un peu conflictuelle avec l’interdit religieux islamique. La viticulture devenait anecdotique jusqu’aux années du protectorat français à la fin du XIXème siècle.

Français, Italiens, Maltais ressuscitaient alors la vigne et le vin dans un pays où l’environnement, les sols et le climat idéaux permettaient l’épanouissement de leurs Cabernet Sauvignon, Merlot, Syrah, Pinot Noir, Chardonnay et aussi Carignan.
Le vignoble tunisien se développait jusqu’à 56.000 hectares dans les années trente… avant d’être rongé par le phylloxéra qui contraignait nos viticulteurs à arracher plus de 40% du vignoble. Mais dès l’après-guerre, les replantations commençaient et la surface viticole tunisienne remontait à 45.000 hectares dès 1960.

Le désintérêt des viticulteurs et la généralisation des coopératives allaient encore porter un coup de frein au vignoble.
A la fin du siècle dernier, notre vignoble et nos vins reprenaient une nouvelle fois leur croissance. Des organismes et des privés étrangers s’investissaient en Tunisie. Les méthodes se modernisaient. L’innovation était au rendez-vous… Jusqu’aux frontières du Sahara où, en 2001, un projet envisageait la réhabilitation de la vigne à partir de cépages spécifiques comme le Bidh Hmem, le Chasselas Doré, le Turky, le Razegui… évidemment adaptés aux conditions désertiques de la région du Sud-Est de la Tunisie.
Aujourd’hui, nos viticulteurs produisent entre 300 et 400 000 hectolitres de vin, enregistrant même un pic de 600 000 hectolitres en 2007.

Des régions et des crus

La Tunisie viticole est encore largement méconnue des Tunisiens eux-mêmes et des professionnels étrangers. Pendant des années pourtant, le vin tunisien a inondé les gosiers français, européens et tunisiens.
Lors de son transfert en France et en Europe, quand il ne coupait pas les vins français, ses bouteilles étaient habillées d’une étiquette plus « conventionnelle » pour franciser la boisson aux palais des amateurs de “pinard” plutôt que des œnologues avertis.
Aujourd’hui, si les professionnels européens restent encore largement sous-informés et sous-alimentés en vin tunisien, nos rouges, rosés, bancs et autres méthodes champenoises prennent doucement leur revanche.
Désormais, le vin tunisien affiche clairement son origine nationale et régionale. Bien plus, ses meilleurs crus trustent les récompenses dans le cadre de nombreux concours internationaux à Paris, Bruxelles, Madrid, Vienne, Milan…

Sept « AOC » en Tunisie

Le vin tunisien dispose de sept « Appellation d’Origine Contrôlée » (AOC), dont 20% reçoivent l’étiquette de Premier Cru.
Les AOC « Grand Cru Mornag » et « Grand Mornag », une quarantaine de kilomètres du sud de Tunis, produisent des rouges, rosés et blancs sur les régions de Grombalia, Takelsa jusqu’à Korba et Enfidha.
L’AOC « Thibar », un vin de muscat et mistelle de muscat, est produit au Nord-Ouest de Tunis, au lieu-dit Saint Joseph de Thibar, dans le gouvernorat de Beja.
L’AOC « Côteaux d’Utique », rassemble les Châteaux Feriani, Domaine Karim, Coteaux de Mateur et Coteaux de Bizerte, des rouges et rosés produits une quarantaine de kilomètres au nord de Tunis.
L’AOC « Tebourba », dans les régions de Tunis sud et Bizerte,produit des rouges et rosés ; les Coteaux de Tebourba, Coteaux de Schouigu, Domaine Lansarine et Tebourba Village, des rouges et rosés.
L’AOC « Sidi Salem », des rouges et rosés produit une trentaine de kilomètres au sud de Tunis. Elle rassemble les Château Khouaguet, Domaine Nepheris, Khanguet Village, Coteaux de Khanguet, dans les régions de Grombalia et Nabeul
Enfin, l’AOC « Kelibia » produit ses vins à partir du muscat d’Alexandrie ou ” muscat de Kélibia “, dans les régions de Kelibia et Tazerka, sur le gouvernorat de Nabeul.

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