Partant d’une approche sociologique, ce récit revient non pas sur les images mais sur les émotions et le vécu du tunisien le 14 janvier 2011.

Un Documentaire de 52 minutes qui est basé sur des témoignages réels de 40 tunisiens recueillis parmi 121 personnes en tout représentant les âges et catégories de toutes les voix dans les 24 gouvernorats du pays.

Bien que les critères restent infinis pour dire si le film est bon ou mauvais, “Mon 14” réalisé avec beaucoup de finesse a suscité une grande admiration du point de vue artistique et technique. Un montage alterné a réussi à assurer la continuité entre les divers témoignages des personnages, dont certains, filmés dans leur spontanéité, ont pris place d’acteurs dans deux scènes de fiction, qui ont apporté plus de ton, de légèreté et de sincérité au film.

Mélangeant humour, rire, douleur, légèreté de ton et gravité des situations, ce récit de la délivrance, a donné dans le sillage des histoires de chacun, des clins d’oeil sur divers phénomènes “étranges” en ce 14 janvier: pénurie de pain, snipers, couvre-feu, la prison de Mornag, comités de quartiers… Le tout présenté dans le décor authentique de la Tunisie dans toute sa diversité : les montagnes du Kef, les ruines de Sbeitla, les roses de sable du Djerid, “le makroudh” de Kairouan etc. En orientant sa caméra vers des lieux et des personnages réels, la réalisatrice a réussi à présenter des scènes loin d’être anodines.

Entre documentaire ou fiction, le duo défend son oeuvre: c’est un documentaire où sont introduites des scènes de fiction pour apporter plus de légèreté au film en misant sur des “citoyens-acteurs amateurs” pour que le jeu soit vraiment spontané et réel. D’ailleurs, pour plusieurs journalistes, le film a permis de découvrir des choix esthétiques et culturels variés entrepris par les jeunes talents passionnés de septième art. Avec des supports variés basés sur des témoignages pleins d’émotion où chacun narre son vécu du 14 janvier, sa peur ou sa panique, sa confusion ou son délire, le film se dresse comme un regard ou encore un récit sur la quête derrière la caméra, et à travers les images, les visages, les plans, la lumière et le son, des questionnements de tout un chacun, dans les différents recoins du pays, sur ce qui s’est passé.

Ce film a été soutenu et financé par l’agence américaine de développement international (USAID) qui avait, à la suite de la visite en juillet 2011 de M. Raj Shah, directeur exécutif de l’USAID, réitéré la volonté de l’agence de se réengager en Tunisie manifestant ainsi un nouvel intérêt pour le secteur de l’art et du cinéma.

Loin des belles fins, ce film annonce cependant une note d’espoir .”Vive la liberté. On ne veut pas la perdre de nouveau”, voila un clap de fin pour “mon 14” en attendant peut-être “Mon 23”. Pour son 14, la jeune réalisatrice tuniso-française a été au coeur de l’avenue Habib Bourguiba parmi les manifestants sans trop comprendre ce qui se passait réellement mais partageant avec eux le nouveau souffle  qui balayait tout le pays.

Pour l’initiatrice du film, Amira Mimoumi, pur produit des deux rives de la Méditerranée, son 14, elle l’a passé à l’avenue Bourguiba accrochée à son portable pour faire vivre en live ce jour “historique” à sa famille à Paris. TAP

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