Mille et une Tunisie a rencontré, entre autres, l’artiste tunisienne Sonia Kallel et l’artiste béninoise installée en Tunisie depuis 2010 Tobi Ayedadjou afin d’en savoir plus sur le travail qu’elles mènent avec les femmes potières autour de leur savoir.
“Laaroussa” se présente comme une fabrique d’espaces populaires et de création culturelle. Action plurielle abordant aussi bien le champ culturel qu’artistique, social, politique et économique, “Laaroussa” est portée par un collectif d’artistes qui rêve une micro-société idéale où l’art permettrait de vivre dignement. “Laaroussa” se déroule sous forme de workshops d’une semaine, à raison d’un workshop par mois. Ces ateliers réunissent un groupe de 60 femmes de Sejnane et des artistes plasticiens, chorégraphes, musiciens…
L’objectif est de mettre en place un travail collectif pour développer des espaces de rencontres, de débats, de productions, de ventes et de transmission de savoir-faire artisanaux et artistiques. A terme, il s’agit d’accompagner la création d’une coopérative de production et de vente des poteries de la région de Sejnane.
Sonia Kallel, professeure à l’Ecole Supérieure des Sciences et Techniques du Design de Den-Den, s’intéresse et crée autour de la thématique du vêtement corps. Tobi Ayedadjou s’intéresse, quant à elle, aux perles et au rapport que l’individu entretient avec son territoire d’origine. Son œuvre est traversée de syncrétisme culturel. A Sejnane, Sonia et Tobi travaillent avec le collectif des femmes potières. Elles échangent autour de leur propre approche créative et sur les savoir-faire artisanaux et artistiques régionaux basés sur la terre.
Dans ce contexte, les 2 plasticiennes ont également été inspirées par ce territoire pour créer chacune une œuvre. Sonia Kallel dans le prolongement de son approche plastique travaille à une robe idole qui raconterait l’histoire d’une communauté, d’un héritage culturel profond et sensible. Composé d’un assemblage de carreaux de terre cuite de Sejnane modelé et décoré, elle porte en elle un savoir-faire ancestral façonné par des esprits créatifs. La robe idole de Sejnane exprime à la fois l’unicité et la pluralité. Tobi travaille à partir de grosses perles de terre à la création d’un bijou-femme. Chaque perle fabriquée par une femme de Sejnane se fait métaphore de la femme elle-même. Tobi tisse ces perles en une forme évoquant à la fois un bijou, un arbre et le symbole fort du lien social valorisant la communauté féminine de Sejnane.
Les œuvres de ces deux artistes qui font sens au regard d’un territoire et d’une communauté prendront part à la grande fête de restitution de l’ensemble de l’étape 1 de “Laaroussa” samedi 18 juin prochain à Sejnane.
Aurélie Machghoul
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