“Silence on tourne” est bien le mot d’ordre du réalisateur français Alexandre Arcady, aperçu dans sa discrétion coutumière, loin du tapage médiatique. Il s’agit en effet du tournage de son nouveau film “Ce que le jour doit à la nuit”, adapté d’un agréable roman de l’écrivain algérien Yasmina Khadra, dans lequel il raconte dans sa langue belle et généreuse l’histoire de deux communautés amoureuses d’un même pays, l’Algérie.

Difficile à approcher, Alexandre Arcady s’était contenté de dire à l’agence TAP lors de l’opération de charme “Voyage du jasmin” du 7 au 10 mai 2011: “je serais bientôt en Tunisie pour le tournage du film qui sera d’ailleurs le premier long métrage français tourné après la révolution en grande partie en Tunisie”.Les scènes intérieures dans la demeure de Feue Tawhida Ben Cheikh, Doyenne des médecins tunisiens

Pour un premier tour de manivelle, le réalisateur français a déjà commencé à reconstituer des scènes de l’histoire tumultueuse et fraternelle de l’Algérie des années 40-62″.  Les photos prises en cachette, un peu à la paparazzi, montrent l’actrice principale en costume d’époque, la française Anne Parillaud (dans le rôle de Madeleine), devant la demeure de feue Tawhida Ben Cheikh (doyenne des médecins tunisiens) où sont tournées les scènes intérieures de l’histoire du petit enfant Jonas parti vivre chez son oncle pharmacien Mohamed (Fellag), dans un village d’Oran où il retrouve à sa jeunesse, Emilie, amie d’enfance.

Pour un avant-goût d’une fresque qui promet d’être un véritable chef-d’oeuvre, toute l’armada s’est installée sur les lieux, non pas au Sahara cette fois, dans la vacuité de ses paysages, mais sur les bords de la plage de Hammam-Lif.

Sur cette esplanade, les loges mobiles pour comédiens et les voitures de collection se sont installées durant six jours pleins. Sous haute surveillance, l’équipe artistique et technique s’est mobilisée. Et alors qu’on tapait à la porte de l’une des maisons, un membre de l’équipe surgit pour nous dire “SVP, pas de bruit, on tourne”. Le 2 juin, tournage terminé, les lieux sont libérés avec un beau feu d’artifice comme souvenir, le soir

“Heureusement que ce n’est pas encore l’été, sinon il serait impossible de nous embrigader à l’intérieur” se prononce Latifa.H, une résidente. Une autre plus énervée réplique “Ce n’est pas normal, on ne peut même pas passer pour rentrer chez soi, j’ai l’impression d’être placée en résidence surveillée”. Bien que le tournage de films puisse générer de l’emploi et de la dynamique, il semble qu’il ait aussi une face cachée.

“L’espace, la population et les règles de bonne conduite” doivent être respectés”, précise Adnène. Certes, ils ont le droit à l’image, mais “nous aussi, nous avons le droit d’être informés de l’usage de ce territoire public où nous résidons et où nous avons chacun sa propre intimité” signale une visiteuse.

Face à des barrières de sécurité, les résidents ont peiné à rentrer et sortir. Au beau milieu d’un décor aménagé, d’engins tout au long de la piste perpendiculaire à l’esplanade, et des caméras en place, ils ont été contraints de garer leurs voitures à l’extérieur. La Réponse à leurs interrogations: question de sécurité, aussi bien pour les résidents, l’équipe de tournage que les promeneurs en quête de fraîcheur.

Le jeudi 2 juin 2011, tournage terminé, les lieux, libérés avec un beau feu d’artifice comme souvenir le soir, sont néanmoins les seuls témoins des secrets de ce film dont le réalisateur n’a voulu garder que le mot magique “Silence, on tourne”.
TAP

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