Moins nombreux qu’en 2010 à la même période mais beaucoup plus qu’en 2011, ces 305.000 touristes assurent une augmentation de 28% par rapport à l’année dernière. En 2011, le nombre de touristes algériens avait chuté de 40%.

Faouzy Basly, représentant de l’Office national du tourisme tunisien en Algérie, a présenté ces chiffres avec enthousiasme en affirmant que le retour des Algériens est significatif. Un léger mieux mais comme l’hirondelle ne fait pas le printemps, il ne faut surtout pas trop se réjouir. A Hammamet, Nabeul, Sousse, Kélibia, l’absence des Algériens est notable. Les commerçants attestent de leurs absences et les pancartes des locations de biens immobiliers habituellement proposés pour la saison sont encore visibles.
La crise, les relations tendues entres les deux gouvernements, l’ambiance générale en Tunisie et le mois de Ramadhan sont autant de raisons pour expliquer la baisse de la présence des touristes algériens en Tunisie. Dans les médias algériens, la Tunisie tient le haut du pavé et les articles sur la détérioration de la propreté des villes et la dégradation de la sécurité sont des sujets fréquemment traités. Des sujets qui ne donnent pas forcément envie de se rendre dans un pays secoué par des troubles qui réveillent de vieux démons pour une population encore meurtrie par la montée de l’extrémisme religieux.

Du côté des professionnels du tourisme algérien, on confirme que la demande sur la Tunisie a enregistré un recul certain. La mode est à la Turquie et au Maroc. Deux destinations qui sont devenues des concurrents féroces à la Tunisie.
Le vrai enjeu est donc de veiller à ce que la Tunisie ne perde pas sa place de destination privilégiée sur le marché. Il coûtera de plus en plus cher de ramener les touristes algériens sachant que le produit touristique tunisien n’est vraiment pas adapté à leurs demandes. Jusque-là, la proximité et les facilitées d’accès ont été suffisantes. Face à la prolifération des offres, les parts de marché dans ce pays se rétrécissent. La destination Tunisie doit rapidement réagir afin de ne pas perdre son second marché en termes de nombre de touristes après le marché français.

Reconnaissant qu’une crise sans précédent frappe le tourisme tunisien, les professionnels de ce tourisme regardent ahuris du côté du gouvernement qui ne semble pas mettre ce secteur en haut de la liste de ses priorités. Pour eux, le marché algérien n’est pas un marché très porteur car il ne consommait pas particulièrement l’offre hôtelière.
Indépendamment de ce marché, les professionnels du secteur discutent de la prestation gouvernementale et de celle du ministre du Tourisme en particulier qui fait l’objet d’une polémique qui enfle. Les professionnels ne comprennent pas que ce dernier ne s’attaque pas aux vrais problèmes comme l’endettement ou la qualité de service dans les hôtels et se contente de relancer une machine largement rouillée et archaïque.
Relancer c’est bien, encore faut-il y parvenir ! Et reste à savoir à quel prix? Réformer et assainir, ce serait nettement mieux !

Amel Djait

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