Des moutons qui valent leur pesant d’or à quelques jours de l’Aïd. L’air de rien, ce sont pas moins de 300 moutons qui rentrent tous les jours par les moyens d’un système redoublant d’ingéniosité, se basant sur des dizaines d’années d’expérience et s’appuyant sur une réseau de contrebande des plus puissants des deux côtés des frontières. Le prix prohibitif des moutons pousse le consommateur à avoir recours à un marché tenu par des « gacharas » et qui pour cause des inondations de cette année vont encore plus faire grimper les prix.

Afin de contrecarrer ce trafic, une batterie de mesures a été prise et pour le moment, c’est le vol des moutons qui commence à sévir. Les tunisiens sont nombreux à acheter de plus en plus tard leur bêtes pour le sacrifice. Acheter à la dernière minute revient plus cher se lamente Hamed B, père de famille qui habite dans un appartement et ne se sent pas rassuré de laisser sa bête dehors, refusant tout bonnement dans la placer dans son balcon.

L’Aïd est une fête. Une fête que l’on peut partager avec la famille, les amis et pourquoi pas les touristes ? A titre indicatif, les Algériens ne viennent pas du tout en cette période de l’année bien qu’ils bénéficient d’un long weekend. Pourquoi ? Que fait-on le jour de l’Aid après avoir ingurgité autant de viande que possible ? Les villes tunisiennes mettent –elles au point des programmes culturels ? Organisent-elles des concerts ? Font-elles un programmation à même d’attirer des touristes musulmans ? Avec Enahdha et sa volonté d’encourager le tourisme de famille et musulman, en voila une piste !

Indépendamment de ceci, la question qui mérite d’être posée est celle de savoir si l’Aid peut il devenir une fête touristique ? Pourrait-on voir un jour des mégas bbq à Hamamet ou Sousse avec des gens partageant cette fête ? En ces temps où les appréhensions se multiplient ceci semble bien lointain. Il va sans dire que l’idée de cet événement outre la tolérance qu’il mettrait en avant saura être respectueux  des âmes sensibles en  aménageant des aires de sacrifice à l’abri des regards des occidentaux, des enfants, des âmes sensibles…

Faire le d’Aid une fête avec les touristes?
« Sincèrement, on peut tout imaginer car tout est possible. Le plus important c’est la façon avec laquelle nous présentons les événements. La qualité événementielle (mise en scène, histoire,  patrimoine, terroir) est plus importante que l’événement lui même. » répond Mendi Allani, un professionnel du tourisme  à cette question. « Faire découvrir aux touristes nos traditions pourrait marquer leur séjour. On pourrait prévoir des ateliers culinaires pour leur apprendre les recettes des plats traditionnels de l’aid. Tout est question d’habillage marketing » conclut Dali Mankai. « Le méchoui est une vieille tradition culinaire en Europe. Le bbq fait tellement partie du paysage, même urbain, aux états Unis d’Amérique que les nutritionnistes et sociologiques s’y sont intéressés! » précise Martine Jedidi française vivant en Tunisie depuis plus de 30 ans.

Cet avis ne fait pas pour autant l’unanimité.Khmaies Chaieb estime que l’Aid « est l’évènement parfait pour les touristes résidents dans les hôtels, mais de là à en faire un événement promotionnel au niveau international, il faut faire attention. Car cela pourrait avoir un effet de boomerang. Les organisations de protection des animaux pourraient monter une compagne opposée ».

Le patrimoine culinaire est su peu exploité

Il va de soit qu’un pareil événement se doit de prendre en cause toutes les précautions. Un fait est certain, le tourisme Tunisien ne sait pas tirer profit de ses traditions  en générale et de ses traditions culinaires en particulier. Des incursions dans ce registre sont  à développer. La cuisine étant l’une des motivations de voyages les plus importantes pour certains marchées. Des thèmes comme la fête du printemps, les cueillettes d’olives ou de dattes gagneraient aussi à être conçus.

Indépendamment de l’Aïd et de la viande de mouton, il est inconcevable qu’il n’y’est pas en Tunisie des espaces de restauration populaire où les touristes pourraient se joindre à la vie des habitants autour des marchés ou des ports,…Des lieux de dégustation, de convivialité, de partage où des touristes pourraient déguster aussi bien des langoustes qu’un lablabi.
Essaouira, Cesternino, Naples, Bangok, Bali…. ne sont que de modestes exemple des lieux de villégiature où la gastronomie populaire est mise en avant par des marchés ouverts à la consommation. Cela crée de la richesse et la fête. Ouverts 24/24 , ces lieux sont une animation à part entière avec les étals, les musiques, les odeurs…Une atmosphère dans laquelle on plonge et ressent un pays.

Amel Djait

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