Des entreprises, des hommes et la reprise

Un petit pays a forcé l’admiration de tous, c’est le nôtre, la Tunisie. Le peuple a révélé son visage. C’est avec pacifisme, qu’il a revendiqué d’abord une dignité et ses droits dont celui au travail. Formulée ainsi, cela peut paraître une évidence mais dans le contexte économique et social qu’a connu le pays, cette légitimité souveraine n’a pas été respectée. Et c’est avec solidarité et ténacité que le peuple s’est exprimé.

Aujourd’hui, la transition démocratique semble faire trébucher l’activité économique. Changement d’ère, changement de repères mais force est de constater que les mouvements populaires ont respecté l’outil de travail. Les zones touristiques sont préservées, le secteur financier poursuit son activité, les entreprises qui n’étaient pas compromises avec l’ancien pouvoir aussi.

Certes des agences de notation, dont Moody’s ont dégradé la note de la dette souveraine tunisienne ; certes Fitch et Standard & Poor’s ont déclaré envisager l’abaissement de leur note. En faisant preuve de précautions, elles en deviennent alarmistes en tenant compte de la baisse de performance des dernières semaines. Mais au fond, pour les Tunisiens au quotidien est-ce si important face au défi qui les attend ? Challenge, défi, des mots qui, semblaient galvaudés et usés jusqu’à la trame, sont maintenant plein de sens car la transition actuelle ne peut avoir qu’un impact positif sur l’économie de la Tunisie.

D’abord, le pays, en mettant fin à des dérives, retrouve sa crédibilité et ne peut que retenir l’intérêt des investisseurs ; ensuite chacun retrouve une motivation qui ne peut que porter à une dynamique créative et à encore plus d’initiatives. Ce moment historique que nous vivons est une bouffée d’air frais pour les marchés qui ne seront plus entachés de clientélisme, de corruption ou de népotisme. De plus, les entreprises tunisiennes ne seront plus indûment ponctionnées et pourront investir librement, développer leurs actions et créer réellement de l’emploi. Il ne faut pas perdre de vue que les sommes prélevées par les clans n’étaient pas réinvesties au bénéfice du pays et leur défection est sans conséquences sur notre structure économique. Par ailleurs, les grands groupes étrangers présents dans le tissu économique tunisien font confiance aux Tunisiens et sont prêts à relever les défis car nos victoires deviennent aussi les leurs.

Parmi ces points positifs, il en est un qui est majeur et peu évoqué. C’est celui de tous les hommes et femmes, jeunes et moins jeunes qui tissent au quotidien le tissu économique du pays. Ils remettent chaque jour leurs compétences sur le métier et produisent la trame qui fait les entreprises. Ce sont eux, qui le cœur bouleversé ont repris le travail sans prendre le temps de fêter la liberté, ce sont eux qui sont essentiels pour produire dans la nouveauté. Parmi ces forces vives, ces hommes et ces femmes, il y a vous.

Nous avons été solidaires et dignes pour abattre une dictature, continuons à l’être dans le travail. Avec nos savoir-faire, nos compétences conjuguées nous ferons avancer notre pays. Nous sommes un peuple qui a retrouvé sa patrie. Aujourd’hui, nous avons vraiment un nouveau rendez-vous avec notre avenir et celui de nos enfants.

Frida Dahmani