Le désert de Douz

Désormais, ils partagent avec les invités de leur maison d’hôtes « Dar Souleyman ».» la connaissance qu’ils ont des vents, des roses des sables, des animaux du désert et de ses étoiles. Entretien avec deux passionnés.

Mille et une Tunisie : D’où vient le nom de votre maison d’hôtes ?
Marie-Gilles : Souleiman est le prénom de mon fils qui vient d’avoir 18 ans. Par contre, les plans de la maison, c’est mon autre fils architecte qui les a conçus. Une architecture inspirée de l’architecture locale et adaptée aux savoirs-faires des artisans de Douz : fers forgés, menuiseries, meubles en bois de palmier.

Mille et une Tunisie : Et si vous nous la décriviez cette maison…

De la terrasse de ma maison d’hôtes on voit le désert. « Dar Souleyman » est  entourée de grands murs qui protègent des vents de sable fréquents. On y trouve un jardin fleuri agrémenté d’un petit bassin –piscine et d’une tonnelle avec ses terrasses. La pièce maitresse de « Dar Souleyman » est le grand salon dit « arabe » où l’on partage le plus de temps. Des moments agréables partagés autour d’un repas ou d’un thé accompagné de cornes de gazelle et de dattes. C’est là où je fais connaissance avec mes hôtes, souvent autour de livres et de documents sur le Sahara, les dromadaires, les roses des sables.

Mille et une Tunisie : Il y a aussi une tente dans le jardin.

Oui. Une « khaima ». Autrement dit une tente berbère dressée dans le jardin.

Mille et une Tunisie : Comment êtes vous arrivée en Tunisie et en particulier à Douz?

Je suis venue en Tunisie pour la première fois en 2005. C’était le premier voyage organisé de ma vie. Son souvenir n’est pas particulièrement vif. Je n’ai vu que des hôtels et des piscines. Je n’ai pas mangé de cuisine tunisienne, je n’ai rencontré ni femmes ni enfants. Je n’ai pas apprécié cette absence de contact avec la population. En mal de désert, je suis revenue quelques mois plus tard avec un sac à dos et me voilà conquise à jamais!

Mille et une Tunisie : Par le désert ?

A la fin de 2005, j’ai vendu ma maison en France. J’étais décidée à m’installer le plus près possible du désert. D’ailleurs, je ne peux pas vivre ailleurs.

Mille et une Tunisie : Dans ce désert, vous avez aussi rencontré l’amour.
Effectivement, Ali et moi avons vécu ensemble 3 ans avant de nous marier. J’adore sa famille qui vit juste à côte de chez nous. Sa maman tisse des burnous et des tapis. Après avoir lavé la laine, elle la carde et file. Souvent les hôtes de « Dar Souleyman » lui rendent visite. Cette femme a transmis à mon mari ses chants. Des chants qui content sa famille et le désert.

Mille et une Tunisie : Comment est née l’idée de cette maison d’hôtes ? Qui sont les hôtes de « Dar Souleyman »?
Mon premier hôte est un neuro-psychiatre qui dirige un service « Alzhzeimer » en Europe. C’est lui qui nous a soufflé l’ideé. Vu la connaissance d’Ali pour le désert et moi qui aime recevoir cela nous a paru tout à coup évident. Nous avions vraiment envie d’emmener nos “invités” dans le désert.

Mille et une Tunisie : Pourquoi Douz et pourquoi le désert?
J’ai connu la vie des Touaregs et des Peuls. J’ai longtemps évolué au Maroc, en Algérie, en Mauritanie, au Mali, au  Burkina, au  Niger… Je connais la vie nomade du Sahara. J’ai retrouvé, ici, à Douz, cette douceur et convivialité, cet accueil, ce partage et cette chaleur.

Mille et une Tunisie : Donc vous avez découvert les « M’razig »

Les « M’razig » qui sont la tribu de Douz. Ce sont des nomades bédouins qui se sont sédentarisés depuis peu. Leur mode de vie actuel est ponctué par un besoin de désert. Chaque année, on voit des campements éphémères s’installer pendant 4 mois environ. De Janvier à Avril, ils cèdent à l’attrait du désert et s’installent femmes et enfants, poules et chèvres, ânes et chameaux sous tente, le long de la route de Matmata.

Mille et une Tunisie : Qu’y font-ils ? Pourquoi allez-vous leur rendre visite ?

Dans cette terre fabuleuse, ils plantent de l’orge, de la « helba » (fenugrec), des petits pois, des fèves et des pastèques. Croyez-moi, ça pousse! Même si depuis deux ans, les récoltes sont bien maigres. Les pluies sont de plus en plus rares. Rendre visite à ces amis est un pur bonheur. Douz est vraiment hors du temps.

Mille et une Tunisie : Quels sont les programmes des balades autour de votre maison d’hôtes ?

Au niveau des sorties, nos préférées sont celles que l’on fait avec nos dromadaires qui s’appellent « Hilal », « Chems » et « Afwane ».
Parés de nos méharées nous sortons toujours avec les dromadaires, un cuisinier et notre voisin Am Brahim qui est un vieux monsieur adorable, marié et buriné par une vie dans le désert. Une fois arrivée, c’est le début d’un voyage d’un autre genre. Avec Ali, c’est une initiation continue à la vie nomade, à la recherche des traces des animaux, à l’observation de la faune et flore et à l’éveil des sens aux chants des oiseaux.

Propos recueillis par Amel Djait

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