Selon certaines informations, les potières de Sejnane ont subis quelques intimidations afin de suspendre la production des poupées et autres figurines jugées hérétiques. Les salafistes dans la région demandent aux potières de se cantonner à la protection des ustensiles de cuisine comme le « ghanay » et le « kanoun ».

Sabiha qui possède l’unique échoppe sur la route dément cette information qui a été tout de même confirmée par d’autres femmes , qui resteraient des cas isolés. Sabiha est la star de la poterie de la région et si elle avoue ne pas courber l’échine, alors ca ne peut qu’aller .

La poterie de Sejnane lui doit beaucoup car elle y a apporté une touche artistique qui, désormais, est sa signature. Sabiha est une femme courage. Elle extirpe, d’une nature souvent hostile, les matières premières nécessaires à son art. Elle a élevé la poterie traditionnelle au rang d’art en lui restituant inconsciemment son expression originelle.

Même si ces œuvres ont été exposées un peu partout en Europe, Sabiha n’en demeure pas moins la potière de Sejnane. Une artiste et une femme qui exprime ses peines en domptant la terre. Et les peines sont de plus en plus insurmontables en ces temps de crise économique. Sabiha comme le autres potières de Séejnane soufrent d’un énorme ralentissement du tourisme. Les routes sont peu fréquentées et les temps sont de plus en durs.

Contacté par téléphone, Abdessattar Ben Moussa, le président de la Ligue Tunisienne des Droits de l’Homme (LTDH) en contact direct avec Sabiha affirme qu’elle n’a pas particulièrement souffert du salafisme ni elle ni ses poteries. Ce salafisme qui s’y est partiellement installé, s’il venait à lui dicter ses lois, elle et les potières , elles le refuseraient en bloc.

Dans un contexte marqué par «  54% de chômage et la quasi-absence des forces de sécurité expliquent les dérives de Sejnane». Un chômage qui détruit tout sur son passage, les relations humaines, la région, la culture…

Au terme d’une journée d’intervention des forces de l’ordre, la situation semble sous contrôle . La poterie de Sejnane a su vaincre l’impact du temps et relever les défis. Gageons qu’elle saura vaincre d’un salafisme qui n’a pas sa place en Tunisie   
Amel Djait

{mainvote}