Quand il cite l’endettement, paramètre décisif selon lui  dans la décision d’abaissement de la note de S&P,  il mentionne exclusivement de celui tourisme. Lotfi  Zitoune, Ministre conseiller de affaires politiques  dans sa dernière apparition télévisée s’est livré au même exercice quelques heures avant lui..

Du côté de l’opposition, le tourisme est aussi servi d’alibi pour mettre en exergue l’urgence de la situation autant que l’incapacité du gouvernement de transition à relancer la croissance et la destination. Aujourd’hui sur les ondes de radio Jeunes, Samir Bettaieb, porte parole du Parti « El Masser » déclarait sur les ondes : « Que veut dire Hamadi Jebali en déclarant  que pas un touriste n’a été agressé ? Où sont les touristes ? Les stations balnéaires et les hôtels sont vides ! ». Hier Mondher Belhadj, à la tête du « Mondata el Mostaqbell » sur la chaine Hannibal Tv évoque en détails la crise du tourisme. Il parle de 167 hôtels qui ont mis la clef sous la paillasson et un endettement qui avoisine les 2000 milliards de dinars.

Tour à tour les figures de la politique tunisienne s’empressent de se servir du secteur comme d’un joker que l’on mêle à toutes les sauces.
Se tiraillant à coups de communiqués, l’administration et les privés se font un autre chasse croisé quand ils ne s’ignorent pas littéralement.  Alors que le jour même où la profession déclare via le Président de la Fédération des Agences de voyages ( FTAV) , Mohamed Ali Toumi, que « la courbe des réservations a fléchi après les évènements du 9 avril et ont repris suite à la réussite des manifestations du 1er mai. Sans parler des attaques récurrentes des « salafistes » contre certains bars et qui sèment la terreur dans certaines villes. Plusieurs opérateurs touristiques s’inquiètent de l’impunité dont bénéficient les groupes «salafistes», auteurs d’actes de violence et de vandalisme qui, bien que réduits et isolés, font la Une des médias des principaux pays émetteurs de touristes », le ministre du tourisme se veut plus conciliant et tente d’arrondir les angles.

C’est à la faveur de rencontres avec des journalistes français  qu’il affirme que l’Etat et ses institutions imposeront la suprématie de la loi sur ceux qui portent atteinte à l’économie et à la saison touristique. Elyes Fakhfak a insisté sur le fait que le choix du respect des libertés est fondamental, répondant aux questions relatives aux conditions sécuritaires et aux salafistes tunisiens, apprend –ton selon un communiqué. Alors qu’Enahdha cherche des points d’appui pour gérer la question salafiste d’un point de vue sécuritaire et politique, c’est toute la société civile tunisienne qui se mobilise pour protéger ses artistes et intellectuels que l’on violente.

A ce jour, aucune manifestation n’émane du côté de la profession. Passives, la profession et l’administration cherchent-elles s des voies pour rassurer autrement sur le terrain ? Une simple mais oh combien complexe événement artistiques sur une esplanade pourrait aérer le sentiment de peur et d’inquiétudes liés au pays et à la menace de violence ou de terrorisme qui l’entoure. Les tunisiens autant que les touristes qui penseraient à notre pays pour y passer du bon temps ont assurément besoin de le voir respirer la fête et l’allégresse. Ces guerres de communiqués et de déclarations  ne servent à rien ! Plusieurs méga fête que des médias du monde entier couvriront  et un déploiement sur le net contribueront à sauver les meubles ou ce qui pourrait rester de la saison.

Il est évident que ces quelques événements, pas plus que la publicité de dernière minute  d’ailleurs que commence à faire le tourisme tunisien sur les télévisions européennes en ce début de mois de juin, ne vont effacer toutes images de salafistes braillards qui passaient en boucle sur les télévisions. Une saison touristique se prépare une année voire plusieurs  à l’avance.  La destination Tunisie a disparu de nombreux catalogues de tours-opérateurs et les revendeurs en agences de voyages déconseillent à leurs clients la destination quand ce ne sont pas les ministères des affaires étrangères de pays comme le Canada, ou la Suisse qui émettent quelques avertissements relatifs à une situation sécuritaire fragile.Celle –ci est lié à la délinquance, au banditisme, à un environnement humain qui se dégrade mais qui semble devenir, depuis ces derniers jours, l’urgence des gouvernants. Il était temps, serions nous tenté de dire !  

On dit souvent que gouverner c’est prévoir ! Alors que les médias et la société civile multipliait les alertes, et tiraient la sonnette d’alarme, les autorités avaient d’autres priorités. Aujourd’hui le loup est dans la bergerie. Le baratin que l’on veut servir ne marche plus. Les citoyens attendent des résultats et vite. Les tunisiens après avoir vécu une année difficile veulent profiter de leur été. Les vacances scolaires commencent dans quelques jours et le gouvernement devra faire face à un test grandeur nature : Celui des bikinis, de la fête, des mariages, des soirées dj, de la bière qui coule à flots, d’un ramadhan en plein mois d’aout…

Amel Djait

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