art nouveau (Victor Horta à Bruxelles ou Hector Guimard à Paris…), art déco au modernisme (l’architecture d’Antonio Gaudi à Barcelone). La Tunisie peut s’enorgueillir de posséder,  rien qu’à Tunis,  environ 400 édifices art déco, un catalogue incroyable dans le domaine des arts décoratifs. Mais qui a conscience de cette richesse ? Combien la valorise ? Et surtout combien de temps ce patrimoine pour lequel il n’existe pas d’Institution de protection survivra-t-il  aux détériorations et aux démolitions programmées par la spéculation immobilière?

Alors que les termes tourisme culturel, diversification touristique et décentralisation semblent avoir le vent en poupe depuis le 14 janvier dernier, il serait temps d’assister au réveil institutionnel du ministère de la Culture et de celui du Tourisme et de voir se mettre en place une vraie politique nationale d’envergure pour la protection, la conservation, l’inventaire et la valorisation du patrimoine des 19ème et 20ème siècles en Tunisie. Attention, ne dévalorisons pas ce patrimoine en le réduisant au patrimoine colonial qu’il faudrait mettre au placard sous prétexte qu’il corresponde à une période de domination. Il s’agit d’un patrimoine national et mondial envers lequel nous avons des responsabilités car il fait partie d’une continuité historique.

Heureusement, la société civile a souvent une longueur d’avance, c’est encore le cas ici. Jeudi dernier se tenait la conférence de presse de présentation de l’Association Patrimoine 19-20, une association pour la protection et la promotion du patrimoine récent en Tunisie. Réunissant pour l’instant essentiellement des architectes et  des urbanistes mais ouverte à toute personne s’intéressant à cette période de l’histoire, l’Association Patrimoine 19-20 se fixe comme objectif, à l’échelle nationale, de revaloriser ce patrimoine mais aussi de le protéger, de l’inventorier et de l’étudier.

Le patrimoine du 19-20 est porteur de sens historique et de qualité esthétique, il est créateur d’emploi en mettant en valeur nos centres villes historiques, il participe également au rayonnement touristique du pays en renforçant l’offre et l’attractivité de ce dernier. Des lieux comme, à Tunis, le Marché central, le théâtre municipal ou des immeubles d’habitations du centre ville mais aussi les gares ferroviaires du pays,  souvent désaffectées, le palais présidentiel de Skanès, les fermes coloniales de la région de Zaghouan, etc. autant de richesses à exploiter…

On se prend alors à rêver de voir un jour celles-ci intégrées à un circuit touristique que l’on proposerait à des touristes de passage…

Aurélie Machghoul

Association Patrimoine 19-20
Président : Zoubeïr Mouhli
Mail : zoubeirmouhli@yahoo.fr

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