La ville de Sousse est une cité méditerranéenne qui conduit à nous interroger sur la façon dont l’architecture a été valorisée par l’architecte de génie Olivier-Clément Cacoub. Notre réflexion amène à nous intéresser aux œuvres remarquables de cet architecte de génie que l’on nommait ainsi, afin de voir quel type de bâtiment il a construit. Nous nous intéressons à ses projets hôteliers qui dialoguent avec une certaine richesse artistique, mettant en relief les traces du passé. Nous souhaitons ainsi apporter un éclairage sur l’évolution historique de ses œuvres architecturales, historiques à caractère identitaire, touristique, concernant plus particulièrement l’architecture des hôtels et de ses façades.
Dans le contexte d’images touristiques, nous essayons de voir ce que l’architecte français Cacoub a fait dans les années 1980 et ce que les architectes contemporains ont voulu exposer. Il semble aussi intéressant de préciser en quoi les projets de l’architecte diffèrent de ceux de la nouvelle génération pour ensuite déterminer dans quelle mesure les architectes tunisiens contemporains peuvent revoir ou réutiliser le style architectural moderne dans la construction d’hôtels.
Le style Caccoub
La création d’un corpus photographique va permettre de mieux comprendre ce qui a été fait par Cacoub.
Façade principale de l’hôtel Chems El Hana
Cette œuvre architecturale de Cacoub est avant tout un espace historique qui, d’une part, témoigne une histoire de la cité et, d’autre part, laisse une trace du passé. Cette sculpture géante est classée dans la catégorie de bâtiment courbe. Dans sa création, l’architecte méditerranéen se donne les moyens d’insérer la culture et les traces mémorielles à l’intérieur de ses productions. L’action de l’architecte méditerranéen renvoie à une technique de répétitions d’éléments décoratifs : les fenêtres balcons en bois ciselés et en marbre, les claustras en béton ocre et blanc. Remarquons qu’il y a eu l’utilisation des colonnes et l’intégration d’éléments architectoniques spécifiques d’une culture donnée. Sa démarche est simple : utiliser le décor du mur claustra, des portes vitrées et des fenêtres balcons.
L’idée architecturale proposée est d’élaborer une mise en jeu entre œuvre et pensée. En tant qu’observateur, Cacoub a respecté l’échelle des proportions. En tant que constructeur, ce « génie du tourisme » a choisi de réinterpréter et de réutiliser les éléments architectoniques traditionnels, avec comme conséquence une valorisation des traditions architecturales. Le travail de l’architecte en chef est essentiellement basé sur la création d’une écriture méditerranéenne et la réalisation de grandes traces.
la seconde vie de l’hôtel Chems El Hana
Ajoutons à l’idée proposée qu’il faut savoir adapter à la ville de Sousse une architecture qui reflète à l’expression d’authenticité, d’ancienneté et de symbole. Tout bien réfléchi, l’architecture tient compte de l’aspect architectural authentique. Elle est marquée par des signes, des symboles et des éléments du passé. L’architecture est synonyme d’écriture, de message et d’expression architecturale. C’est une trace écrite qui fait partie de notre vécu. Ce vécu ne doit pas être oublié, mais transmis d’une génération à une autre. Il faut adapter à l’identité de la cité une trace symbolique. Devons-nous dire alors que l’architecture est évolutive et, en son expression, faut-il créer pour recréer une nouvelle œuvre architecturale ?
En reprenant l’exemple de l’hôtel Chems El Hana, mettons en perspective une nouvelle réinterprétation de cette œuvre, l’une des plus remarquables œuvres de Cacoub.
Façade principale de l’hôtel Pearl Resort & Spa
L’œuvre de Cacoub ne peut jamais être réduite à une seule interprétation. À l’instar des images ci-dessus, nous estimons que l’architecte tunisien Mohamed Sahby Gorgi a voulu accorder un nouveau portrait à la cité de Sousse.
Dans la conception d’une façade tunisienne, cet architecte tunisien n’a pas mis en perspective certaines règles, à savoir : – Savoir-faire et inspiration de modèles typiques, – couleurs méditerranéennes (blanc et bleu) et éléments architectoniques traditionnels (moucharabiehs en bois sculptés, coupoles, arcs, portes traditionnelles, etc.).
L’architecte tunisien s’est engagé dans la mise en œuvre d’une écriture contemporaine évolutive. Entre idée et conception, l’évolution architecturale s’intègre dans la production d’une nouvelle œuvre architecturale. Autrement dit, l’architecture de Cacoub fait preuve d’un bâti sans répertoire historique. Cette représentation touristique contribue à quelques notions comme la dévalorisation du bâti et la dénaturation des traces du passé. Le nouvel hôtel fait référence à une architecture dépourvue d’identité et de trace.
Pour conclure, la différence peut s’énoncer ainsi : les architectes tunisiens participent à l’évolution de l’architecture moderne et non à la mise en sauvegarde du bâtiment ancien. La contribution du passé ne fait ainsi plus référence au vocabulaire méditerranéen. Un passé architectural en voie de disparition et d’abandon dans la Tunisie actuelle.
Asma BELHASSINE
Docteure en sciences de l’information et de la communication. Laboratoire SIC. Lab Méditerranée . Université Côte d’Azur – EUR CREATES
Prise de vue personnelle : Asma BELHASSINE