A l’heure où les touristes commencent à revenir timidement en Tunisie, nous sommes en droit de nous demander ce qui a bien pu se passer pour aboutir au final à un message aussi décalé par rapport à cette idée même d’une Tunisie plurielle que « Enfin libre de bronzer » ! Ce slogan conforte la Tunisie dans une image de tourisme uniquement balnéaire, lié au bas de gamme et uniquement au soleil… Des piliers qui ont, entre autres, plongés le tourisme tunisien dans l’impasse de laquelle il doit à présent sortir. En associant la notion de liberté à celle de plage, il substantifie également la révolution tunisienne de sa portée politique et sociale en insinuant que l’acquis se résume au fait de pouvoir bronzer en paix… Déconcertant !
Certes, la Tunisie ne peut pas économiquement ignorer ce tourisme balnéaire qui constitue son épine dorsale mais n’est-il pas regrettable de continuer à se limiter uniquement à cela à l’heure où tous les espoirs sont permis? Plus que jamais, la Tunisie pourrait être bien plus qu’une simple destination soleil-Orient si on pariait sur une meilleure communication et on montrait ses multiples atouts. Une communication intelligente et concertée sur des initiatives existantes peut apporter cette fraîcheur et ce renouveau nécessaire.
La Tunisie bénéficie d’un immense capital sympathie grâce à la Révolution et son impact politique sur le monde arabe. Ne serait-ce pas le moment idéal pour casser l’image d’un tourisme bas de gamme et redéfinir une image à ce pays ? Aurait pu être mis en avant par exemple, le fait que nous possédons 8 sites classés au patrimoine mondial de l’UNESCO ? Fallait-il préciser que l’hébergement en chambres d’hôtes et gîtes d’étapes s’est beaucoup développé ces dernières années offrant une autre façon de découvrir le pays de Chatt-Mami à Matmata en passant par Douz, Hergla, Medjez el Bab, le Kef, Hammamet, Sousse ou Djerba… Etait-il nécessaire de préciser que notre pays est un vrai attrait pour les plongeurs professionnels étant le pays méditerranéen qui possède le plus grand nombre d’épaves ? Le pays est aussi l’un des 3 ponts migratoires au monde et de ce fait est une destination ornithologique prisée…
S’il est certain que tout ceci est bien loin de nos plages dorées et de leur sable fin, ces éléments et tant d’autres, sont créateurs d’identité et de références. Et si au lieu de proposer de continuer à bronzer en Tunisie, nous rêvions ensemble une destination qui répondrait aux rêves les plus fous et aux attentes les plus originales, mettant en valeur un patrimoine riche et diversifié et encore tellement méconnu. Le potentiel est là, répondant à un réel “pays destination” et le contexte est idéal pour briser les anciennes représentations. Il est temps pour un changement politique radical afin de se libérer des modèles du passé en matière de Tourisme. Un changement à construire dans un proche avenir.
En attendant, il parait évident qu’en temps de crise, il s’agissait d’expédier les affaires courantes et de faire en sorte que la machine touristique du pays reparte. A cette tache, c’est toute l’équipe du tourisme tunisien qui s’est attelé. Désormais tous les espoirs sont permis.
Amel Djait et Aurélie Machghoul
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