Ainsi s’achève un épisode important de la révolution tunisienne : la Kasbah 2. La première s’étant achevée dans de terribles conditions, avec des arrestations et en violence, celle-ci s’achevant dans la liesse et la fiest’attitude.
Jeudi 3 mars 2011, le Président par intérim Foued Mbazaâ a annoncé de nombreuses mesures exceptionnelles dont la prochaine élection d’une assemblée constituante et donc d’une nouvelle constitution pour le pays. Le soir même, les sitteurs de la Kasbah ont officiellement annoncé la suspension de leur sit-in. Le lendemain, ce sont des centaines de tunisiens, drapeaux à la main qui sont venus leur dire au revoir. L’hymne national ainsi que les différents hymnes de la révolution n’ont cessé d’être entonnés tout au long de cette matinée pluvieuse.
A tour de rôle, les sitteurs démontaient leurs tentes, lançaient un discours, remerciaient tous ceux qui les ont soutenu et prenaient place dans l’un des bus qui les ramenaient vers leurs villes respectives : Kairouan, Gabès, Gafsa, Kasserine, Sidi Bouzid, etc. Des hommes et des femmes aussi, venus en masse à la Kasbah pour protester, faire entendre leurs voix et finalement triompher. Ils ont résisté au froid, à la faim, au regard moqueur voire méprisant de certains. Finalement, ils sont repartis en vainqueurs, avec les honneurs et raccompagnés d’applaudissements et de you-yous. Ils sont repartis avec des étoiles plein les yeux et des rêves.
Maintenant que le train de la démocratie est en marche, ils rêvent de le voir détruire sur son passage toute trace de régionalisme et de favoritisme entre les différentes régions de Tunisie. Ils rêvent également d’un pouvoir juste entre les mains d’un peuple responsable. Ils espèrent et surtout y croient. On y croit aussi car il ne suffit pas d’avoir chassé de notre pays un dictateur pour crier victoire.
La vraie victoire sera le jour où toutes nos régions ressembleront à la capitale, où les investisseurs penseront à réaliser des projets aussi bien à Kasserine qu’à Ain Draham, où le tourisme deviendra un secteur porteur du nord au sud, en passant par le centre de la Tunisie, où plus jamais on ne fera de différence entre un «baldi» et un «non-baldi». Tous tunisiens donc tous égaux !
Rym Benarous
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