L’Association de Sauvegarde de la Médina de Tozeur (ASM) à été créée en 2001. Malgré quelques actions, celle-ci est restée en veilleuse et à la solde de l’ancien régime jusqu’au 14 janvier 2011. Aujourd’hui, forte de sa cinquantaine d’adhérents, l’association se déploie, au delà des monuments et d’un travail important sur la mémoire, dans le champ humain. Ses projets récents portent sur l’écologie, le développement des compétences, l’artisanat, le plan de la ville de Tozeur,…Entretien avec Karem Dassy, Président de l’ASM, conduit par Amel DJAIT
1001Tunisie : Mr Le Président de l’ASM de Tozeur, aujourd’hui est un jour heureux. Vous venez de clôturer un projet pour le soutien et le développement du tourisme dans la région de Tozeur. Quels en sont les contours et résultats ?
Karem Dassy : D’abord la formation de guides touristiques locaux. Ils disposent désormais de cartes professionnelles et peuvent exercer leur métier en toute légalité. Nous avons aussi mis en valeur certaines composantes de notre patrimoine en apposant des panneaux dans la ville et dans l’oasis pour valoriser, expliquer, sensibiliser, faire découvrir…
D’autre part, nous sommes en train de rénover des calèches touristiques afin de permettre aux membres de cette communauté d’assurer des services de qualité et d’accueillir les touristes dans un outil plus moderne, confortable, adapté….
Concrètement, cela veut-il dire que les circuits sont disponibles ? Les calèches sont-elles en circulation ? Comment contacter le guide local et quels sont ses tarifs et comment réserver ?
Le client a le choix du circuit. Il peut faire un circuit dans la ville de Tozeur, dans l’oasis ou dans l’ensemble de la région. Il peut les tours en calèche, en Vtt, en trekking….
Combien dure le circuit et où le réserver ?
Les circuits sont variables. Il y’a deux circuits généralistes mais on peut aussi faire des circuits thématiques comme « Le Circuit de l’eau » à Tozeur. La tarification n’est pas encore définie. En ce qui concerne les calèches, celles-ci seront prêtes d’ici la fin de l’année 2016. Sachez que vous pouvez emprunter et profiter des circuits en alternant les modes, seule ou entre amis et avec ou sans guide local. Vous pouvez aussi aller à la station des caléchiers sur l’avenue principale de Tozeur et décider de votre programme.
Quelle était l’ambition de ce projet ?
Présenter la région autrement ! L’idée est de donner un espace à ceux qui connaissent le mieux la région pour partager leurs connaissances et vécus. Un guide national aura beau être compétent, il y’aura toujours des nuances, des anecdotes, des subtilités qu’il ne pourra partager. Nous voulons que le guide local présente sa région de manière plus passionnelle.
Au delà de cette passion, dont a besoin Tozeur et la destination touristique tunisienne, le projet n’a-t-il pas du mobilisé beaucoup de temps et nécessité de la sensibilisation, de la proximité auprès d’acteurs locaux qui peuvent être démotivés par les temps qui courent ? Quels ont été les principaux défis pour l’ASM de Tozeur ? L’association a t-elle pu jouer le rôle qu’on attendait d’elle ?
La foie est au cœur du projet ! Nous croyons fermement dans le potentiel de notre région et nous avons œuvré dans ce sens. Mais détrompez vous, la difficulté n’est pas de mobiliser les gens. La difficulté, est de les pousser à avancer dans contexte moribond.
Les récents événements de Sousse ou du Bardo ont poussé les acteurs et les populations à se rétracter par rapport au tourisme. Il nous fallait donc entretenir le feu et l’espoir. Nous devions faire en sorte que les operateurs croient encore dans le secteur. Un secteur qui est porteur et a de l’avenir, sauf que pour le moment, c’est difficile !
Les gens croient-ils encore dans le tourisme ?
Absolument. Mais, ils ont besoin d’un petit coup d’accélération. D’ailleurs, ca va nettement mieux et on sent les prémisses du retour de l’activité touristique sur la région.
Quels sont les projets à venir de l’ASM Tozeur ?
Nous avons dans notre boite à idées plusieurs projets pour lesquels nous cherchons des financements. Je citerais en particulier celui de la gestion participative du risque incendie dans l’oasis. C’est un projet que nous portons avec d’autres associations de la région de Tozeur. Celui-ci est une urgence, car nous devons prendre en considération les risques liés à divers changements dont ceux climatiques.
C’est-à-dire ?
Nous observons l’abandon de quelques jardins et une recrudescence du feu particulièrement au niveau de l’oasis traditionnelle. Nous devons faire face à ce phénomène pour soutenir l’activité touristique dans la région mais aussi et surtout pour protéger la biodiversité.
Pour finir, selon vous, quelles seraient les mesures concrètes et urgentes pour désenclaver la région et y faire bouger les lignes ?
D’abord, la gouvernance et celle-ci n’a pas attrait à la ville de Tozeur seulement. Tout le pays a besoin d’une nouvelle gouvernance touristique. Les structures centralisées sont des structures obsolètes et il est temps de passer la main à des structures régionales. C’est-à-dire à des gens sur le terrain qui proposent une autre lecture et vision de leur région.
Je pense ensuite, qu’il est important de créer un TO qui travaille sur la destination. Tozeur ne doit plus être une région d’excursions. Nous sommes une destination à part entière et avons de quoi accueillir, animer, retenir et faire revenir des clients.
Pour finir, quid de votre projet, Tozeur première région écologique du pays ?
C’est un projet qui est né de notre passé. Au Djerid nous avons vécus avec le principe du zéro déchets dans lequel tout était transformé dans le processus de production oasien. Nous vivions écologiquement bien avant qu’il ne devienne à la mode à l’échelle mondiale. Renouer avec ce passé est une nécessité!