Ana Vidovic Ouvrir un festival avec une guitariste solo, il fallait oser. Pari gagné. Le public, très ouvert et très attentif, lui fit un accueil chaleureux. Chaleureux n’était pourtant pas le mot qui caractérisait la prestation. Et la façon de se tenir, à la violoncelliste, rendait le visuel un rien académique et raide. Tout comme ce qui nous fut donné à entendre. Musicienne et technicienne parfaite, elle enfila un répertoire classique venu d’Espagne et d’Amérique du sud, avec un brin de Jean-Sébastien Bach pour terminer et une chansonnette pour égayer le milieu de sa prestation. J’ai même craint un moment qu’elle n’attaque Jeux interdits. La chansonnette en question était quand même Yesterday de qui vous savez, et le gentil public féminin murmura les paroles. Cela m’a rappelé en miniature l’émotion que j’avais ressentie dans le film Almost Famous quand la sono d’un bus diffuse le sublime Tiny Dancer  d’ Elton John et que les passagers se mettent progressivement à chanter les paroles. Qui aura vu ça me comprendra. Enfin, j’ai apprécié qu’elle interprète le morceau que John Coltrane a baptisé Olé et celui que Carlos Santana jouait sous le titre de Covetina.

Puis vint le tour de celle que j’attendais d’oreille et de cœur fermes, la chanteuse Nigériane IYEOKA. Son album Say Yes avait de quoi séduire, enparticulier avec le titre éponyme, comme on dit chez les branchouillards, ainsi que Testify, I’m descending, et Simply Falling surtout, titre à la mélodie ravageuse qui en fit un tube planétaire, avec ce riff clin d’œil au grand Carlos Santana, celui de Smooth (Album Supernatural ). Merci Hal !

Je ne saiss’il fallait ouvrir avec la très belle chanson Sing me a sweet song ou la garder pour un moment de répit ultérieur, et plutôt attaquer raide avec le reggae qui suivit. Nous avons du reste été surpris par l’abondance de reggae au répertoire. Cela dit, Bob Marley est un porte-drapeau, pas un reproche. D’autant que Iyeoka chante la révolution, elle rendit hommage à la Tunisie pour cela. La première partie du concert fut splendide. Lors du très attendu Simply Falling , ma collègue de RFI Aurèle …. me fit remarquer la citation de Killing me Softly with his Song.

Puis l’Afrique-Mère reprit le dessus et nous eûmes droit à beaucoup de danse, dans un virevoltement de robe chatoyante, de harangues au sens noble du terme, de la-la-la, d’appels à la participation du public. En transe et qui adora cela.

Les noms des musiciens n’étaient pas mentionnés sur le programme, mais le sax se démena dans un formaté vigoureux et redoutablement efficace. Il me confia que son condisciple préféré était Chris Potter.

Iyeoka, la femme, est d’une simplicité et d’une gentillesse peu communes.

Michel Delorme Culture Jazz

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