Isabelle planchon

Suite à la visite du Ministre du Tourisme Tunisien, elle prépare les statuts d’une fédération tunisienne des maisons d’hôtes. Avec 4 autres promoteurs, elle a participé au Salon « Tourisme Passion », une foire  spécialisée en Belgique. Elle revient du MIT où elle a représenté ce type d’hébergement alternatif et sondé certaines réalités sur le terrain. Entretien. Par Amel Djait

Mille et une tunisie : Des maisons d’hôtes, ils s’en ouvrent tous les jours depuis quelques mois surtout à Djerba. Comment s’y retrouver ?

Isabelle Planchon : Vu le nombre considérable de maisons d’hôtes qui s’ouvrent, à Djerba particulièrement mais aussi ailleurs, il est plus que temps que le projet d’arrêté, qui existe, soit publié et mis en œuvre. Actuellement, peu de gens savent qu’une législation embryonnaire est là. Ils ouvrent leur maison en n’ayant effectué aucune démarche. Souvent, il s’agit de « bons produits » car créés avec enthousiasme et passion. Malheureusement, certains d’entre eux sont aussi de simples projets spéculatifs. Ils ne répondent pas à la définition de la maison ou de la chambre d’hôtes.

Justement, en tant qu’avocate, peut-on vous demander où en est la situation ?

Les cartes sont dans les mains de l’administration qui est actuellement entre « deux eaux ». L’activité, puisqu’il s’agit d’ouvrir sa maison à l’hébergement de touristes, nécessite une autorisation. En l’absence d’une législation spécifique, soit on exige le respect des normes hôtelières, soit on laisse faire.
Cette dernière alternative est un piège pour tout promoteur de projet. Car une fois l’arrêté spécifique mis en application, il y aura forcément des fermetures. C’est tant mieux si ce sont les projets « parasites » qui ferment. Par contre, il est évident que des gens mal ou pas informés, alors qu’ils ont une bonne motivation et un véritable sens de l’accueil, seront contraints d’abandonner leur projet faute d’autorisation.

Le secteur est en train de créer une fédération tunisienne des maisons d’hôtes. Pourquoi ?

Il faut que le secteur s’organise. D’abord, parce qu’ensemble nous pourrons nous faire entendre auprès des autorités par voie de suggestions ou d’avis. Ensemble, nous pouvons disposer de plus de moyens pour assurer notre promotion. Nos expériences respectives peuvent être échangées, nos idées partagées et des circuits « maisons d’hôtes » peuvent s’organiser. Si nous restons isolés, nous n’aurons aucune visibilité.

Dans ce segment, il faut s’entraider. Nos structures (petites par définition) seront rapidement complètes et nous aurons besoin de renvoyer nos invités vers des structures semblables. Les clients des maisons d’hôtes n’aiment pas être dirigés vers les structures hôtelières classiques. Beaucoup de nos clients nous disent qu’ils ne seraient jamais venus en Tunisie si l’hébergement ne se faisait pas en chambres d’hôtes. Il y a vraiment de la place pour tout le monde.

Cette fédération va-t-elle mieux structurer l’offre et protéger les clients et les promoteurs ?

Le développement ne doit toutefois pas se faire au mépris de la qualité. Il ne faut pas faire tout et n’importe quoi. Faute de quoi notre produit souffrira d’une mauvaise réputation. Pour ces raisons, nous avons rédigé les statuts d’une association des maisons d’hôtes et des gîtes. Celle-ci a non seulement pour but de fédérer les promoteurs mais aussi, à court terme, d’établir une classification des maisons d’hôtes suivant des critères objectifs. Ainsi, une fois l’appellation « maison ou chambres d’hôtes » protégée par la législation tunisienne, nous serons prêts à labelliser celles-ci.

Selon quels critères ?

C’est peut-être encore trop tôt. Les critères devront être adoptés ensemble lors d’une assemblée générale. Les pistes sont variées : nombres de WC et de salles de bains, superficie des chambres, climatisation, télévision, maison de caractère, piscine…..
Ce label garantira aux visiteurs des normes de confort précises mais le classement pourra aussi se faire en fonction de l’environnement, du service…C’est un vaste chantier qui a besoin de beaucoup de bonnes volontés. Avis aux amateurs !

Les maisons d’hôtes tunisiennes ont été invités à participer au Salon spécialisé « Tourisme Passion » en Belgique. Faut-il y voir un signe ?

En effet, cinq maisons d’hôtes ont participé au dernier Salon International « Bed and Breakfast » de Bruxelles en Mars dernier. On était ravi de partager cette expérience. Il nous paraissait naturel de se présenter unis et solidaires. Nous avons œuvré à la promotion par l’un du produit de l’autre. Notre stand dégageait de la convivialité et de la bonne entente. Nous n’avons pas de produit « formaté ». Notre sens de l’accueil n’est pas inscrit dans un guide. Parce que la saveur de notre cuisine ou le parfum de notre linge sont différents, nous sommes complémentaires et pas concurrents.
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