« des artistes français et tunisiens comme Jane Birkin ; Irma, Faudel, Magic system, Trio Joubran, Hindi Zahar, Arielle Dombasle…

A leurs côtés, témoins, humoristes et acteurs de la Révolution tunisienne prendront la parole. Par ailleurs, Claudia Cardinale et le ministre français de la Culture, Frédéric Mitterrand, feront partis des invités », écrit le magazine féminin français Elle. Tout n’est-il pas presque dit ?

La soirée est retransmise dans la soirée du samedi 10 septembre sur les écrans de la télévision tunisienne via Nessma Tv, sur TV5 et France 3 en deuxième partie de soirée.

Une soirée événement, une soirée dédaigneuse ou juste médiocre ? Une de plus ? Sauf que s’il y en avait une qu’il ne fallait pas rater, c’était bien celle-ci. Un peuple entier attend de fêter sa révolution depuis des mois. Le monde autant que la France attend une autre image de la Tunisie qui ne vient pas et pour cause !

Toujours les mêmes intervenants, la même main mise des « pseudo » amis et de leurs serviteurs. Toujours la même position passive de la part des autorités tunisiennes. Une position contemplative qui ne sert pas à grand-chose. Même gratuite cette soirée n’était pas judicieuse en cette période de l’année.Pour la fête, il aurait fallu écouter le peuple en fêtant avec lui sa révolution. En termes d’aides, apprends moi à pécher et ne me “fourgue” pas un poisson pourri ! En termes d’impact touristique, la saison est derrière nous et nous sommes à la veille de la dernière ligne droite des élections pour la constituante. Les voyageurs en demande de la destination sont réorientés vers d’autres destinations… Seuls le bradage de prix et le « cassage » de la destination font rage. Révolutionnaire comme approche !

Ceci dit, la révolution tunisienne a fait émerger de nouveaux talents de la culture tunisienne qu’on a revu avec plaisir comme Le Général ou Amel Mathlouthi. Il s’agit maintenant que les ministères du Tourisme et de la Culture ouvrent aussi la voie aux nouvelles figures de la conception et de l’organisation d’événements. Impliquer des professionnels qui critiquent et osent, innovent et interagissent avec des professionnels venus d’ailleurs aurait amélioré la tenue de cette soirée «Hymne à la révolution».Faisons en sorte que cela soit la cas pour l’avenir.

Il est urgent d’ouvrir la porte aux initiatives émergeant de nouveaux bords. Même en période de transition, il est urgent de soutenir la création d’événements forts et originaux afin de faire se porter vers nous d’autres regards en nous débarrassant surtout d’une image désuète et dépassée que cette soirée a maladroitement soutenu. Car dans l’attente, l’image positive de la révolution s’effiloche. Au mieux elle conforte l’ancienne. Au pire, elle en crée une autre, encore plus piteuse.

En attendant les élections, il faut avancer. Beaucoup d’argent a été dépensé par le tourisme tunisien pour si peu de résultats. La prochaine étape (tout dépend de sa durée) devrait servir à soutenir, solliciter et chercher les bonnes idées. Il y a tant d’initiatives qui se sont confrontées aux divers refus, voir à un mur de silence qu’aujourd’hui plus personne ne peut se permettre d’attendre encore. La montre tourne et l’impact d’un semestre noir confirmant une année blanche fait craindre le pire. Il fait perdre même l’espoir.

Pour en revenir à la Soirée et à sa pléiade d’artistes français qui exposaient leur rapport affectif à la Tunisie, le public digne n’a pas exprimé son mécontentement mais les commentaires sur la toile et dans les milieux concernés dévoilent tout le rejet d’une partie des Tunisiens de se voir assimiler à une majorité d’invités de «has been» et de «one shot succes»…

Le public de Carthage (9000 spectateurs) a confirmé une chose. Il est à l’image de son peuple digne et respectueux. Le public comme le peuple ne tolérera plus autant de médiocrité. Il y a un temps de tolérance à tout !

Amel Djait

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