Du côté des consommateurs, d’être attentif à la qualité de notre alimentation en consommant des produits sans OGM et exempts de pesticides. Car pour résumer, l’agriculture biologique qu’est-ce que c’est ? C’est tout simplement une méthode de production agricole basée sur le respect du vivant et des cycles naturels, qui gère de façon globale la production en favorisant l’agrosystème mais aussi la biodiversité, les activités biologiques des sols et les cycles biologiques. Pour atteindre ces objectifs, les agriculteurs biologiques doivent respecter des cahiers des charges et des règlements strictes qui excluent notamment l’usage d’engrais chimiques de synthèse et de pesticides de synthèse, ainsi que d’organismes génétiquement modifiés. Les agriculteurs qui pratiquent ce type d’agriculture misent, par exemple, sur la rotation des cultures, l’engrais vert, le compostage, la lutte biologique, l’utilisation de produits naturels comme le purin d’ortie et le sarclage mécanique pour maintenir la productivité des sols et le contrôle des maladies et des parasites.

En Tunisie, le biologique est réglementé par l’IMC (Institut méditerranéen de certification) qui assure à la fois la certification et les contrôles. Du côté des producteurs, le biologique apparaît comme une belle alternative stratégique à l’agriculture dite conventionnelle même si ceux-ci doivent s’armer de patience et de courage car ils ouvrent de nouvelles voix et inaugurent de nouvelles pratiques. En effet, du côté de l’administration même si on voit l’intérêt de cette agriculture, il y a peu de compétences pour aider et conseiller les agriculteurs qui souhaiteraient se lancer dans la vague bio et pas de ferme volonté politique de la soutenir. Les agriculteurs sont donc confrontés à de nombreuses difficultés pratiques (peu de semences biologiques comme de nourritures biologiques pour les bêtes, problème de la prescription quasi systématisme d’antibiotiques de la part des vétérinaires, problème du manque de débouchés…). Sur le terrain, les producteurs bio se sont donc organisés entre eux. Depuis plus d’un an, un marché bio se tient tous les samedis matin au parc des expositions de la Soukra à Tunis et permet aux producteurs de vendre directement aux consommateurs des œufs, des fruits et légumes de saison, de la volaille, du lait, du fromage, du miel… Ce marché constitue à la fois un point de vente mais aussi un lieu d’échanges, de conseils et de promotion des produits bio. L’association Eden nature , né en 2011, a également beaucoup fait à un moment donné grâce à l’énergie de son porte-drapeau, Florence Sachaux. Cette dernière continue de promouvoir le bio en Tunisie mais à son propre compte depuis via des actions ponctuelles (dégustation et découverte de produit, commande de paniers bio, traiteur bio…). En mars dernier, à Marsa Ville, ouvrait également la première boutique Vi consacré à la vente de denrées alimentaires issues de l’agriculture biologique (cosmétique, alimentation bébé, produits frais, huiles d’olives, pâtes…).

Du côté des consommateurs, devant le nombre grandissant de scandales alimentaires, au vu également de l’absence de contrôle rigoureux des conditions d’élevage ou de production mais aussi de transport de certaines denrées (lait, œufs…), le biologique a le mérite d’être rigoureusement contrôlé et donc de savoir ce que l’on a dans son assiette. De plus, point non négligeable, toutes les dernières études internationales mettent en relation directe la mauvaise qualité de notre alimentation (trop de pesticides…) avec l’augmentation du taux de cancers et de cas d’infertilité chez l’être humain. Et même si le biologique est effectivement un peu plus cher à l’achat que le non-biologique, les enjeux de santé publique qui sont réels méritent bien, quand cela est possible, cet investissement.
Les initiatives se multiplient donc pour promouvoir les produits biologiques de Tunisie mais aussi sensibiliser les consommateurs tunisiens à une autre forme de consommation. Souhaitons au biologique d’avoir de belles années devant lui !

AM

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