Interrogé à plusieurs reprises et depuis des mois sur le danger des violences  et plus précisément sur celles liées à la politique, Elyes Fekhfekh avait tendance à relativiser : «Le plus grand danger, c’est de présenter une image fausse, agressive de la Tunisie, comme étant la réalité du pays. Il faut être ferme face aux dépassements et aux violences verbales ou physiques».

Les priorités du gouvernement étaient vraisemblablement ailleurs pour laisser pourrir la situation et cette représentation, bien que relative, colle désormais et lourdement à la Tunisie.

La peur qui s’installe, les craintes que la situation suscite et les propos haineux qui se sont depuis des semaines accompagnés de violences physiques sont réels.  Espérons que ce n’est que la gestion de l’image de la Tunisie qui est catastrophique et non son image!

L’escalade des violences a eu la peau du tourisme tunisien. Celui-ci ne s’est pas encore remis des retombées médiatiques liées au viol de la jeune femme par des policiers que s’y est ajouté l’affaire de la descente des policiers dans un hôtel de Hammamet. Avec Tataouine, c’est un nouveau cap qui est franchi. Il y a eu mort d’homme. Et la Tunisie se voit ranger dans une catégorie de plus en plus dangereuse pour son tourisme.

D’ailleurs, la situation est tellement alarmante que même les revendications sociales sont des motifs pour annulation. Le ministre du Tourisme donne en exemple les incidents de Djerba : «Ce sont des revendications sociales qui n’ont rien à voir avec la politique pourtant elles ne sont pas sans conséquences sur le tourisme dans l’île».  Quand le vers est dans le fruit, serions nous tentés de dire ! De nombreuses annulations ont en effet  été signalées du côté de Mahdia selon le députe de l’ANC Issam Chebbi suite aux évènements de Tataouine.

Du côté du gouvernement, certains ministres de la Troïka essayent de faire porter le chapeau  à l’Ugtt à cause de ses «grèves anarchiques». Belgacem Ayari, secrétaire général adjoint à l’Ugtt, chargé du secteur privé a déclaré sur un plateau télévisé il y’a quelques jours : «Les touristes n’ont pas peur des grèves. Ils vivent et respectent les traditions syndicalistes. Ce sont le terrorisme et la violence politique qui les fait fuir». Le mot est lâché Terrorisme! Quel avenir réserve l’avenir au secteur? Et bien au delà de cela où va la Tunisie?

Le ministre du Tourisme qui a l’époque n’a nullement lésiné sur les arguments pour rassurer et inciter les touristes à revenir s’est laissé tenté à déclarer sur RMC : «Vous avez en France plus de salafistes que nous n’en avons en Tunisie… On fait de la focalisation sur ce sujet!».

Il avait surtout dit que «ceux qui perturbent la marche de la Tunisie vers la démocratie ne sont en aucun les gens d’Ennahdha. Ennahdha est au pouvoir. Il partage le pouvoir avec des partis démocrates qui sont Ettakatol et le CPR. Ennahdha veut réussir avec les partenaires qui ont choisi de gérer cette phase délicate».

Alors une question s’impose: Ont-ils géré au mieux ou est-ce uniquement l’image de leur gestion qui a foiré?

Amel Djait

{mainvote}