Mille et une Tunisie : Quel regard, en tant que spécialiste du tourisme, portiez-vous ces dernières années sur la Tunisie ?
L’image de la Tunisie était devenue une image de destination bas de gamme, avec des propositions et un service moyens. C’était en général une destination petit budget. Les retours des agences de voyage que nous avions concordaient dans un diagnostic d’une hôtellerie vieillissante et de difficultés de process de travail rationnel au niveau des réservations, des commandes, des engagements. Mais tout le monde s’accordait aussi à souligner une qualité non comprise dans les packs de voyages habituels : la qualité humaine de l’accueil, c’est-à-dire la gentillesse de toutes les personnes rencontrées sur place, que ce soit les personnels, les commerçants ou la population. De la part des clients, l’après-vente est rare, sauf en cas de soucis majeurs. Le non-retour de la destination Tunisie signifiait que le rapport qualité/prix était  jugé satisfaisant.

Mille et une Tunisie : Est-il maintenant envisageable d’imaginer un renouveau d’intérêt ou un changement de clientèle pour ce pays ?

L’intérêt était là, mais il correspondait à une destination, non à un pays réel. Destination Orient, destination soleil, destination pas chère. Cela aurait pu être n’importe où, au bout du compte. La Tunisie était l’Afrique accessible et dépaysante sans dépaysement. Aujourd’hui, sans évidemment présager du futur, je constate qu’elle bénéficie d’ un immense capital de sympathie. Cela est surtout notable dans les classes moyennes et auprès des intellectuels.

Mille et une Tunisie : Quels seraient, selon vous, les points à développer en urgence ou les réflexions à avoir ?
Je crois qu’il est maintenant opportun de relancer la destination Tunisie par le haut, sous l’angle de la santé, de la beauté, du golfe… Il y a eu des prémices, mais ils passaient toujours derrière les premiers prix de vacances au soleil, ou leurs prix exceptionnels étaient toujours mis en avant… Pourquoi ne pas aussi imaginer de nouveaux produits culturels ou de plein-air… Il y a des gisements à explorer et à exploiter. Concernant la communication, il faudra, selon moi, insister sur deux points : la sécurité et l’accueil. D’abord rassurer, en effet, car malgré le nouvel intérêt que cette révolution suscite, les Européens ont besoin de reprendre confiance, autant les touristes que les investisseurs et les voyagistes. Ensuite, la culture tunisienne prendra le relai car j’insiste, le caractère profond des Tunisiens que l’on appelle gentillesse, je ne sais pas comment le définir au bout du compte mais il existe indéniablement, est un atout majeur. Sincèrement, je souhaite le meilleur futur à la Tunisie.

Propos recueillis par Mireille Pena

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