C’est à la faveur d’un colloque organisé par MCM et l’ONTT portant sur le “Tourisme Culturel ; ce qu’il faut changer“, que toute la famille du tourisme s’est réunie récemment. L’objectif du colloque était de réfléchir sur les voies de lancement d’un tourisme de qualité. Par Amel DJAIT
Le tourisme culturel en Tunisie a longtemps été, et reste encore, un terme creux et une ambition affichée de tous mais défendu et porté par personne.
Et c’est précisément, ce maître-mot qu’a utilisé durant l’ouverture du colloque René Trabesli, Ministre du Tourisme de l’Artisanat et du Transport, avec ses propres conversions et aspirations : “ 2019 a été celle de la relance numéraire. Nous allons finir l’année avec 9 millions de touristes. L’année 2020 sera celle du qualitatif. La famille du tourisme doit s’organiser pour monter en gamme, se diversifier, élargir et améliorer les prestations et les offres…Nous devons travailler sur nos défaillances et nous engager vers plus de qualité. Nous devons habiller nos plages, nos hôtels, nos zones touristiques…Nous devons dynamiser les territoires par les circuits. Les sites archéologiques en Tunisie sont exceptionnels et ne sont pas tous visitables…”.
A l’heure où plus de 20 % du flux mondial du tourisme se tourne vers le culturel, le tourisme tunisien reprend des couleurs et se stabilise après des années de vache maigre. Le temps de l’ambition pour la destination pointe à nouveau grâce notamment à une transition démocratique qui prend sa vitesse de croisière. La Tunisie respire et agit.
Une partie de la nouvelle ambition du tourisme Tunisien, portée autant par l’Administration du tourisme que par les professionnels repose aujourd’hui sur un nouveau projet; le programme “Tounes Wejhatouna », NOTRE DESTINATION.
“Tounes Wejhatouna” ou les nouvelles ambitions du tourisme culturel tunisien
“Tounes Wejhatouna” est un programme d’appui à la diversification du tourisme, au développement de l’artisanat et à la valorisation du patrimoine culturel. Vladimir Rojanski, Attaché de Coopération à l’Union Européenne, a présenté les 3 axes du programme en phase de démarrage.
Durant ce colloque, Mr Rojanski a annoncé le lancement du programme par une journée de travail sur le PPP ( partenariat Public/ Privé) dans le domaine du patrimoine en début de trimestre de 2020. Financé à hauteur de 51 millions d’euros par l’UE et ses partenaires, dont la GIZ, la mise en œuvre du programme va s’étendre sur 5 ans.
L’attaché de l’UE a présenté le programme qui s’articule autour de trois grands axes. La diversification et le renforcement de la qualité de l’offre touristique qui repose sur la développement du tourisme durable et des segments comme l’écotourisme, le tourisme culturel… L’ambition de cet axe est de soutenir des projets, de valoriser le patrimoine matériel et immatériel, de créer des DMO, des circuits à thème…L’enveloppe allouée à cet axe est de 17 Millions d’euros.
Ensuite, il a présenté le deuxième axe qui consiste au renforcement des chaînes de valeur dans les domaines de l’artisanat et du design dans diverses filières du pays. C’est l’ONUDI qui se chargera de la mise en place de cet axe auquel une enveloppe de 9 millions d’euros est allouée.
Pour finir, Vladimir Rojanski a présenté le dernier axe et non des moindres. Celui de la valorisation du patrimoine culturel dans l’offre touristique avec notamment la rénovation d’une dizaine de bâtiments d’exception et le réaménagement et la mise en valeur du Musée de Carthage (gestion, accueil, muséographie…) pour une enveloppe globale de 16,5 millions d’euros.
S’il est largement temps pour la Tunisie d’avoir un grand musée internationale sur Carthage, il n’en reste pas moins vrai que le pays regorge de richesses infinies. N’est -il pas de temps d’admettre que le concept même de “zone touristique”, si cher à l’administration et à la vision actuelle du tourisme, est devenu caduc?
C’est l’ensemble du territoire de la Tunisie qui devrait être converti et classé touristique. La mise en tourisme du potentiel du pays est une urgence au vu de la concurrence des destinations avoisinantes et du manque de rentabilité du secteur. En l’état, la Tunisie dispose d’un potentiel, sauf que celui-ci est aussi énorme que le gâchis! Si on ne se pose pas les bonnes questions et on n’identifie pas les vrais maux et points bloquants, le fameux passage de l’hôtellerie vers le tourisme restera encore un vœu pieux et pour longtemps !
Aujourd’hui et durant le colloque’ “Tourisme Culturel, ce qu’il faut changer” tout le monde convient d’une seule chose. Pour vraiment amorcer le tourisme culturel en Tunisie, il faut tout changer !